Au premier abord, Dinah ne possède pas ce que l’on qualifierait de personnalité solaire. Sans être complètement froide, elle saisit de par sa méfiance et sa capacité à ériger des barrières entre les étrangers et elle. Sa confiance, elle ne l’accorde qu’au compte-goutte, et c’est uniquement une fois celle-ci acquise qu’elle commencera à laisser entrevoir sa véritable personnalité. Dinah n’aime pas se dévoiler, elle craint d’exposer ainsi ses faiblesses et de laisser les émotions l’emporter sur la raison. Car du mieux qu’elle le peut, Dinah se montre pragmatique, rationnelle et réfléchie. Elle n’aime pas foncer tête baissée, elle préfère de loin analyser chaque situation en détail. Contrairement à d’autres justiciers qu’elle fréquente, elle se montre rarement impulsive ou impatiente ; tout vient à point à qui sait attendre.

Dinah, elle déteste qu’on lui dise ce qu’elle est censée faire. Aussi indépendante et déterminée que farouche, elle préfère de loin la solitude aux alliances forcées, bien que certaines personnes aient su se tailler une place à ses côtés au fil des années. Il n’est pas rare qu’on lui reproche d’être un peu trop autoritaire, un peu trop ferme, un peu trop intransigeante. C’est parce qu’elle sait que la moindre erreur peut être fatale et avoir des conséquences désastreuses. Alors elle préfère de loin être dure avec ses proches que de les perdre. Car quand Dinah aime, c’est un beaucoup, passionnément, à la folie. Elle se sacrifierait sans la moindre hésitation pour les gens qu’elle aime, quitte à leur briser le cœur dans la foulée. Loyale et dévouée, Dinah agira toujours pour ses propres intérêts en dernier et tant pis si ce n’est pas sain. Protéger les autres, c’est la seule chose qu’elle est persuadée de savoir faire correctement.

Ceux qui ont pu voir au-delà de sa carapace savent combien Dinah est aimante et protectrice, capable des pires folies pour s’assurer qu’il ne leur arrivera rien. Si elle se montre parfois distante et réservée, elle a toujours une bonne raison, même s’il est difficile pour elle de la dévoiler. Ce qu’elle déteste par-dessus tout, c’est se sentir impuissante. Et dieu sait que ça lui est arrivé à de trop nombreuses reprises depuis qu’elle a débuté sa carrière de justicière. Au fond, Dinah est simplement terrifiée à l’idée de perdre ceux qu’elle aime tant, déjà trop marqué par les deuils de sa vie.

Canary Cry : Le gène méta-humain de Dinah lui confère un pouvoir particulier, le « cri du canari ». Ce cri extrêmement puissant est comparable à une attaque sonique qui la rend capable de créer des ondes de choc extraordinaires, en mesure de tout détruire autour d’elle. La puissance de ce cri a été évalué à 300 décibels de puissance maximum, soit plus de deux dois le volume sonore d’un avion au décollage. Grâce à son cri, Dinah peut pulvériser le métal, assommer ses adversaires, provoquer des hémorragies… Dinah possède également un incroyable degré de maîtrise de ses cordes vocales, elle peut imiter la plupart des sons et modeler ainsi la puissance de son cri. Problème, et non des moindres, il suffit de la bâillonner pour l’empêcher de d’utiliser son cri.

Arts martiaux : Grâce à son entraînement intensif, Dinah est devenue l’une des plus redoutables combattantes de la planète. Wildcat lui a enseigné le krav maga, la boxe thaïlandaise, le hapkido, la capoeira, le kung-fu, le karaté, le jujitsu… Ses compétences en la matière rivalisent avec celles de Batman, et lui valent le respect et l’attention de Lady Shiva. Dinah est également une excellente acrobate et son excellente condition physique lui confère des aptitudes qui échappent au commun des mortels, tels que d’excellents réflexes, une endurance très élevée et une force exploitée à son maximum. Malgré cela, Dinah n’en reste pas moins assujettie à son condition humaine. Elle n’est ni invulnérable ni infatigable, elle mettra autant de temps que n’importe qui d’autre à se remettre de se blessures et à récupérer.

❯ De quelle Terre provient votre personnage? Si votre personnage vient du multivers, où se situe-t-il sur le spectrum de ses souvenirs?
Si Dinah est issue de Terre-V, son esprit est depuis peu la cible de réminiscences d’une autre Terre, où une autre version d’elle-même a vécu son pire cauchemar. Les visions s’imposent à elle sous forme de rêves, ou plutôt de cauchemars récurrents, qu’elle a fini par considérer (à tort ou à raison, l’avenir le dira) comme une sorte de prémonition. Elle est hantée par les sentiments et émotions qui accompagnent chacune de ses visions, incapable de comprendre et de relativiser ce qu’elle voit. Elle ne sait pas si elle ne comprend pas ce qu’elle voit ou si au contraire, elle ne le comprend que trop bien…

❯ Pseudo : Valkyrja (Julia).

❯ Pronoms: Elle (she/her).

❯ Pays: France.

❯ Avez-vous l'âge de la majorité: Depuis un petit moment déjà, oui  

❯ Fréquence de connexion : Tous les jours

❯ Autres comptes : Diana Prince, coming soon to take names and kick ass  

❯ Hypothétiquement, acceptes-tu de recevoir un aléa du destin ? Peut-être pas tout de suite ?  

❯ Un dernier commentaire?: Vous avez fait un travail de folie, j'ai vraiment hâte de pouvoir RP avec la team  

Toutes les nuits, la même vision.

La première fois, Dinah avait pensé qu’il ne s’agissait que d’un simple cauchemar. Comme elle en avait eu des dizaines d’autres avant. Elle les acceptait, ils faisaient partie du contrat. Ils étaient l’un des prix à payer pour la vie qu’elle avait décidé de mener vingt ans plus tôt. Et puis, le rêve était revenu. Encore et encore, comme un nuisible dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. Petit à petit, il s’était imprimé sur ses rétines. Les silences n’existaient plus, pulvérisés par l’écho distant de ses propres sanglots et de son cœur qui cognait furieusement dans sa poitrine. Elle avait essayé, vraiment, de rationaliser la chose. Ce n’était qu’un rêve. Récurrent, certes, mais rien qu’un rêve.

Un rêve où elle revoyait, encore et encore, la personne qu’elle aimait le plus au monde mourir dans ses bras. Ce n’était pas ainsi que les choses étaient censées se passer. Ni maintenant, ni demain, ni jamais.

Perdre des êtres chers, Dinah y était habituée.

D’abord, il y avait eu son père. Lawrence "Larry" Lance était détective pour le GCPD, passionné autant qu’il était torturé par son métier, constamment frustré par l’incompétence de la police face au taux de criminalité bondissant à Gotham. Les criminels y était comme les têtes d’une hydre. Coupez-en une et il en repoussera deux. Dinah se souvenait de lui comme d’un père aimant, fier, enthousiaste, mais souvent absent, tenu éloigné du foyer par ce devoir qui lui tenait tant à cœur. Il faisait partie de ces grands idéalistes qui espéraient pouvoir rendre le monde meilleur pour leurs enfants. Il en faisait trop, toujours trop, et son épouse le lui reprochait souvent. Dinah Drake ne parlait pas dans le vide. Elle-même justicière, première Black Canary, savait ce qui risquait de lui en coûter. De leur en coûter. Et hélas, elle avait vu juste. Un coup de téléphone du commissariat central du GCPD avait tout changé, une triste soirée d’automne. Larry ne rentrerait pas à la maison. Il avait été tué en plein exercice de ses fonctions. Ses collègues avaient voulu en faire un héros, un martyr. Dinah, elle, avait juste perdu son père, son pilier. Sa mort avait forcé son épouse à prendre une retraite anticipé de sa carrière de justicière. Elle était le seul parent qu’il restait à Dinah, elle ne pouvait pas risquer de perdre la vie comme son époux. Une vie bien rangée, loin de Gotham et ses problèmes, voilà ce qu’elle voulait offrir à Dinah. Endeuillées, elles avaient déménagé et s’étaient installées à Star City, où la vie promettait théoriquement d’être plus tranquille. Elle aurait pu l’être, si Dinah n’avait pas découvert le passé de sa mère, et développé le même farouche sens du devoir que son défunt père.

Élève studieuse à l’école, Dinah aurait pu être brillante si elle s’était découvert une passion pour les études. Malheureusement pour sa mère, elle n’avait aucunement l’intention de faire des études. Elle voulait, elle aussi, essayer de changer les choses comme Larry avait tenté de le faire tout au long de sa carrière. Peut-être que Dinah Drake aurait pu la convaincre de choisir une vie plus sage si elle n’avait pas découvert le secret qu’elle lui cachait depuis longtemps : elle-même avait justicière, la première Black Canary. Si elle avait rangé son costume des années auparavant, cela n’empêcha pas Dinah de fouiller sur son passé, jusqu’à découvrir l’identité de l’un de ses anciens amis et compagnon de lutte contre la criminalité, Ted Grant, aussi connu sous le pseudonyme de Wildcat. Aussi impressionnée que déterminée, elle l’avait contactée et lui avait demandé de la former aux arts martiaux. Il aurait pu, et peut-être dû, refuser, mais la jeune fille était déterminée : avec ou sans son aide, elle reprendrait le flambeau de ses parents. Impossible pour Ted Grant d’ignorer à la fois son potentiel et sa détermination ; Dinah était sans conteste la digne fille de ses parents. À une différence majeure près : elle possédait un méta-gène, jusque-là dormant, qui lui permettrait de contrôler le potentiel de ses cordes vocales parfaitement et atteindrait jusqu’à 300 décibels, créant ainsi de puissantes attaques soniques. Mais Dinah le savait, il lui faudrait bien davantage qu’un cri de banshee pour parvenir à ses fins. Le secret de son entraînement ne dura pas bien longtemps, mais la colère de Dinah Drake ne suffit pas à la détourner de son projet. À ce stade, le lien entre mère et fille était déjà presque rompu. Il le serait totalement lorsqu’elle reprendrait le pseudonyme et le costume de sa mère pour commencer sa carrière de justicière.

À dix-neuf ans, Dinah écumait pour la première fois les rues de Star City à la recherche de criminels à appréhender et d’innocents à secourir. Elle devint très vite attachée à sa nouvelle identité, à l’adrénaline qui la traversait à chaque fois qu’elle partait en mission. Dinah n’avait initialement pas la moindre envie de se lier à qui que ce soit. L’indépendance lui allait comme un gant, et elle n’acceptait de suivre que les conseils avisés de Wildcat en matière de lutte contre le crime. Black Canary ne tarda pas à se faire un nom et ses cris perçant faisaient trembler d’effroi tous les voyous de la ville. Si le taux de criminalité de la ville était loin d’égaler celui de Gotham, au record inatteignable, il n’en demeurait pas moins suffisamment élevé pour donner du pain sur la planche aux autorités locales comme aux personnes de la trempe de Dinah. Peu de temps avant son entrée en scène, la ville s’était découvert un nouveau protecteur, un certain Green Arrow, un Robin des Bois des temps modernes que Dinah n’avait pas particulièrement cherché à croiser, trop occupé avec ses propres affaires.

Ce serait un euphémisme que de dire qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il fasse une entrée aussi fracassante dans son existence, en lui tombant presque littéralement dessus au cours d’une traque.

Immédiatement, Dinah le trouva parfaitement insupportable : arrogant, impulsif, beau parleur, un humour à faire crever de jalousie tous les comédiens de stand-up de la ville et surtout, un air charmeur qui lui donna instantanément envie de lui faire avaler son arc et toutes les flèches de son carquois. Merci, mais non merci, se souvenait-elle lui avoir dit une bonne dizaine de fois. À force de le recroiser, elle avait fini par réaliser qu’il faisait exprès de se retrouver sur sa route et de mettre le nez dans ses affaires, dans ses enquêtes. Si on le lui demandait, Dinah serait bien incapable de se souvenir quand elle lui avait collé sa première paire de claques, dans l’espoir qu’il la laisse tranquille. Bien mal lui en avait pris, elle aurait aussi bien pu lui donner un GPS avec ses coordonnées personnelles pour lui permettre de la suivre à la trace. Non, inutile d’insister, elle n’avouerait pas rechercher sa compagnie elle aussi… Indépendante, elle souhaitait le rester. C’était ce qu’elle lui avait répété à voix haute à chaque fois qu’elle en avait l’occasion, vaine tentative de nier l’évidence qui crevait pourtant déjà les yeux. Pendant un temps, elle s’était persuadée qu’elle ne voulait pas savoir qui se cachait sous le masque. C’était mieux ainsi ; chacun retournait à sa vie une fois la nuit terminée. Pas d’alliance, pas de problèmes. Oui, mais. La curiosité était un vilain défaut, qui finirait par la faire céder et proposer à l’archer de se révéler mutuellement leurs identités. S’ils étaient voués à travailler ensemble sur le long-terme, elle exigeait un niveau de confiance absolue. Une petite, toute petite, part d’elle-même espérait qu’il refuse et que ce soit là la fin de leur étrange collaboration. À sa plus grande surprise, Green Arrow accepta, et ainsi volèrent en éclats ses espoirs de se débarrasser de lui.

Dire qu’elle fut surprise par son identité publique ne ferait pas justice à sa réaction.
Oliver Queen.
Green Arrow était en réalité Oliver Queen, le playboy millionnaire chéri de Star City.

Après le choc initial vint l’éclat de rire nerveux, tant la situation lui paraissait incongrue. Oliver Queen était un idiot. Elle en était sincèrement persuadée, influencée par ses apparitions publiques et les couvertures des magazines en vogue. Lui, un justicier ? Les bras lui en tombaient. Elle fut très sincèrement tentée de le laisser là où il était pour ne plus jamais le revoir, mais c’était trop tard. Son maudit charme avait fait son effet, elle était tombé dans ses filet et plus elle se débattrait et plus elle risquerait de s’empêtrer. Ils formaient un duo inattendu, mais relativement… fonctionnel. Ou du moins, efficace. Les tentatives de séduction d’Oliver Queen étaient de moins en moins subtiles, les revers de Dinah de moins en moins délicats. Sa réputation le précédait et Dinah… Dinah s’était toujours soigneusement tenue à l’écart de toute relation et avait fini par se persuader qu’elle se contenterait d’une existence de justicière à plein-temps. Ce n’était pourtant pas faute d’avoir été prévenue par Ted, qui l’avait mise en garde : elle ne faisait que reculer pour mieux sauter.

Sauter dans les bras d’Oliver Queen ? Et puis quoi encore !
Autant dire que vingt ans plus tard, le destin avait donné raison à son mentor.

Oliver Queen était un idiot, mais il était son idiot. Arrogant ? Oui, mais toujours à ses côtés pour protéger ceux qui en avaient besoin et arrêter ceux qui leur nuisaient. Impulsif ? Sans le moindre doute, mais bien assez doué pour s’en sortir à tous les coups. Beau parleur ? À lui en donner mal au crâne, mais elle avait fini par apprécier ce côté de sa personnalité, particulièrement parce qu’il avait fini par lui être réservé. Son humour ? Elle avait beau le nier, il la faisait rire et c’était suffisamment rare pour être noté. Quand à son air charmeur… Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir qu’elle y avait succombé. La dernière chose que Dinah voulait, c’était tomber amoureuse, mais Oliver Queen avait déboulé dans sa vie comme un boulet de canon qu’elle n’avait pas su esquiver.  

Sans lui, elle aurait regretté toute sa vie de ne pas avoir repris contact avec sa mère avant qu’il ne soit trop tard. L’une comme l’autre, elles étaient trop bornées pour admettre leurs erreurs et laisser le passé derrière elle. Dinah Drake n’avait jamais pardonné à sa fille de ne pas l’avoir écoutée, et cette dernière n’avait jamais compris pourquoi elle ne lui avait pas fait confiance. Mais tout ceci était négligeable, d’après Oliver. Et pour cause : Dinah Drake avait un cancer incurable, et il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre. Comment Oliver l’avait appris, ça n’avait d’après lui aucune importance. Ce qui l’était, c’était que Dinah ne regrette pas de n’avoir rien fait avant qu’il ne soit trop tard. Ted y avait mis son grain de sel et avait achevé de la convaincre de retourner auprès de sa mère pour faire table rase du passé, pour qu’elles fassent la paix, se disent au revoir. Dans son dos (elle le lui reprocherait histoire de de ne pas perdre la face, évidemment), Oliver s’était occupé de trouver à Dinah Drake les meilleurs médecins et la meilleure clinique, mais même tout l’argent du monde ne pouvait rien pour elle, sauf faire en sorte que ses derniers moments soient confortables.

Faire ses adieux à sa mère fut l’une des choses les plus difficiles que Dinah ait jamais eue à faire. La rancœur accumulée au fil des années disparut aussitôt qu’elle se retrouva dans la même pièce que sa mère. Il y eut des cris, des larmes, des excuses. Mais grâce à Oliver, il n’y aurait pas de regrets. Dinah était là lorsque sa mère rendit son dernier souffle, et ce fut la première fois où elle se montra vulnérable devant Oliver. Elle ne retint pas ses sanglots ; elle qui était à présent orpheline de père et de mère. Sans lui, elle aurait été seule. Et pour la première fois depuis une éternité, elle réalisait qu’en fin de compte, ce n’était pas ce qu’elle voulait.

Hasard ou coup du destin (puisqu’apparemment ces choses-là existaient bel et bien), Dinah n’eut pas réellement le temps de se morfondre sur sa nouvelle condition d’orpheline, et son deuil serait adouci par l’arrivée dans sa vie d’un jeune garçon à la dérive. Quand Oliver lui apprit que Roy Harper était parvenu à lui faire les poches, sa première réaction fut d’éclater de rire tant c’était incongru. Le justicier de Star City, dépouillé par un gamin… C’était aussi drôle qu’impressionnant. Et ça, ils le comprirent tous les deux très vite. Ce fut le choix d’Oliver de recruter Roy, décision que Dinah ne put qu’approuver. Elle était capable de reconnaître une âme à la dérive quand elle en voyait une. Roy Harper était un garçon… compliqué. Perdu, ravagé par l’alcool avant même d’être en âge d’y toucher, en colère, tellement en colère… Dinah laissa à Oliver la tâche ardue de le rééduquer et d’exploiter son potentiel. Elle préféra se positionner en tant que figure maternelle, douce et compréhensive là où Oliver était dur et intransigeant. Roy avait besoin d’un équilibre, que le couple tenta de lui apporter au mieux. Dinah ne pensait pas posséder un quelconque instinct maternel en elle, mais Roy lui fit réaliser le contraire.

Elle aurait aimé qu’Oliver aussi, réalise les choses.
Qu’il comprenne que la chose dont Roy avait le plus besoin, c’était un père et non pas un simple mentor. Oliver voulait faire de lui un parfait guerrier, et Roy cherchait son approbation par tous les moyens. Leur relation semblait vouée à être un échec, malgré les tentatives de Dinah de faire office de ciment entre eux. L’affection, l’amour, n’était pas le problème. Mais c’était tout le reste.

Parfois, elle se rappelait un peu trop brusquement qu’Oliver était né avec une cuillère en or dans la bouche, et que malgré tout ce qu’il avait enduré, il y avait certaines choses qu’il ne comprendrait jamais. L’addiction de Roy à l’alcool et à la drogue en faisait partie. Dinah tenta de lui expliquer qu’il était malade, qu’il ne s’auto-détruisait pas par plaisir, mais tout tombait dans l’oreille d’un sourd. Il ne voulait rien entendre, rien comprendre, et ne semblait capable que d’une chose : juger Roy pour quelque chose qui lui échappait. À la déception de Dinah se mêla un profond ressentiment pour l’homme qu’elle aimait. Au lieu d’aider celui qu’elle considérait à présent comme leur fils, il semblait déterminé à lui maintenir la tête sous l’eau. Son attitude fut à l’origine de l’une de leurs plus grandes ruptures, et elle lui interdit farouchement d’approcher Roy, puisqu’il ne faisait qu’empirer les choses. Roy avait besoin qu’on l’accompagne sans jugement, et c’est ce que Dinah tenta de faire au mieux. Quand bien même il lui arriva à plus d’une occasion de se sentir dépassée, elle fit de son mieux pour soutenir Roy et lui éviter de s’attirer plus de problèmes qu’il en avait déjà. Il lui faudrait longtemps pour pardonner à Oliver son attitude à l’égard du garçon.

Plus longtemps encore pour comprendre que certaines choses étaient définitivement au-delà de son contrôle, peu importe qu’elle fasse preuve de toute la bonne volonté du monde. Si elle serait toujours le fil d’Ariane de Roy, elle ne pourrait pas le protéger de tout et de tous. Dans un monde où les menaces étaient de plus en plus importantes, Dinah se sentait écrasée par son humanité. Que pouvait-elle faire contre des menaces de l’ampleur de Zod, des monstres échappées de l’Olympe, des horreurs venues des enfers ? Rien, ou presque. À peu de choses près, elle n’était qu’humaine. Ce ne fut jamais aussi évident que lorsque Ocean Master déchaina sa fureur sur la surface. Personne ne s’y attendait et jamais Dinah ne se sentit aussi impuissante de toute sa vie. À Star City, il y avait une petite fille qu’il fallait absolument protéger. Elle s’appelait Lian, elle avait six ans et était la fille de Roy. Oliver et elle s’étaient précipités pour la sauver, mais ça n’avait pas suffi. Il n’était pas Superman, elle n’était pas Wonder Woman. Ils étaient désespérément humains, désespérément… impuissants. Les plus grands héros de la Terre avaient sauvé le monde, et ils n’étaient pas parvenus à sauver une seule personne. Dinah serait à jamais incapable d’oublier cette vision d’horreur, le petit corps sans vie de Lian dans les bras d’Oliver, puis dans les siens. Les criminels de tous les bords avaient profité de l’attaque d’Ocean Master pour en découdre avec les justiciers, et Roy avait été pris entre deux feux. Lian était morte sans son père, sans sa mère, sans Oliver, sans elle. Dinah n’oublierait jamais les hurlements déchirants de Roy quand il les avait trouvés, le petit corps sans vie de Lian avec eux. Devant lui, elle avait ravalé ses larmes, s’était fait violence pour le soutenir dans ce qui était l’épreuve la plus douloureuse de toute son existence. Là encore, un échec. Elle n'avait pas pu éviter à Roy la spirale infernale du deuil, de la douleur et de la violence. Elle n’avait pu qu’être la spectatrice impuissante de sa déchéance.

Quand elle pensait que les choses ne pouvaient pas empirer, les cauchemars étaient arrivés.
Les visions s’étaient installées.

À chaque fois qu’elle fermait les yeux, les mêmes images. Le corps brisé d’Oliver dans ses bras, son sang partout sur elle, son regard bleu vide de vie. À chaque réveil, la même impression d’étouffer, la même impression de s’être fait arracher le cœur. L’étreinte d’Oliver lui semblait aussi chaude que froide, un paradoxe dont elle ne parvenait plus à se défaire. Pas plus qu’elle n’était capable d’ignorer le sentiment de panique qui l’étreignait à chaque fois qu’elle posait les yeux sur Oliver. Allait-elle le perdre, lui aussi ? Elle s’était déjà posé la question à plusieurs reprises, mais il finissait toujours par s’en sortir, par se relever en affichant son sourire de beau parleur et en lui disant qu’il n’avait jamais été en danger. Mais cette fois était différente. La récurrence de ses rêves en était le signe. Du moins en était-elle persuadée. Dans ses rêves, elle était avec lui, toujours. Alors, peut-être, la solution était toute trouvée : le quitter, lui briser le cœur une bonne fois pour toutes, et le sien au passage.

Pour le sauver.
Pour le sauver.