Que dire d'un Dieu qui porte le fardeau de la Guerre ? Bien des caractéristiques et des nuances composent Arès. On ne peut nier une irrémédiable tendance à la violence, et plus encore au fait qu'il aime cela et ne s'en est jamais caché. Impétueux, orgueilleux, belliqueux, fougueux, il fut tout cela tout à la fois dès son plus jeune âge, assoiffé d'action, de compétition, de rapports de force. Avec la jeunesse de ces premières années, et le sentiment d'être le paria parmi les siens, il fut très tôt clairement incontrôlable, soumis à ses propres passions, à cette faim inextinguible de prouver sa valeur dans le sang versé, dans la soumission des autres à sa puissance puisque lui-même était esclave de la sienne. Le regard de ses pairs attisait sa soif de conflit avec eux, tant il ne comprenait pas pourquoi ils le rejetaient tant alors même qu'il ne représentait qu'un aspect quotidien, intrinsèque de l'existence, que eux-mêmes pratiquaient selon leur bon vouloir malgré leur déni. Cette hypocrisie a été la base de toute sa rancœur éternelle envers le Panthéon.

Cette soif permanente de rage et de guerre, noyée d'incompréhension, fut celle qui le mena trop loin et causa sa perte parmi les Dieux, en dressant tout le Panthéon contre lui seul. Il garda ce tempérament tranché un certain temps encore, hargneux, rancunier de son sort, avant d'y déterrer des nuances que seul l'âge permet de façonner et de percevoir. En effet, avec le temps, Arès réalisa que la Guerre ne recouvrait pas uniquement l'aspect militaire et physique mais possédait une palette de variations tout aussi fascinantes et attirantes pour un coeur aussi aventureux et indomptable que le sien. Il s'assagit, si on peut le dire ainsi, sur son domaine de compétences et au-delà. Il devient un peu plus calme, bien que toujours prompt à tirer l'épée ou les flammes si affrontement il devait y avoir. Mais il prit bientôt davantage de plaisir à voir la guerre éclore dans les coeurs et les âmes sans avoir précisément à oeuvrer sur un plan physique pour cela, simplement en manipulant ou en observant les mortels se perdre eux-mêmes dans leurs querelles dégénérées.

Arès admire, surveille, et récompense depuis des millénaires, les âmes valeureuses, les soldats, les guerriers et guerrières courageux qui vont au-delà du danger, et souffrent et font souffrir sur les champs de bataille. Il suit un code d'honneur à l'image de ce milieu particulier et pour cette raison, il possède ses propres limites dans ses choix d'action. Oui, il aime le sang, la cruauté des guerres, la violence, mais non, pas sans raison, et pas sans combats. Les humains qui se contentent de raser des villages, ou d'exécuter des innocents sans défense, sans un seul combat, n'ont aucunement ses faveurs, bien qu'il ne les condamne pas pour autant.
Il y a des nuances subtiles dans ce qu'il considère comme ayant trait à la Guerre. Par exemple, des exterminations à la chaîne dans des camps nazis, au milieu d'un pays qui en terme de territoire (l'Allemagne) n'était soumis à aucun combat au plus fort de l'extermination ne sont aucunement des actions de Guerre mais simplement des actes d'esprit malade sans aucun fondement. En revanche, les pillages et destructions, des tueries d'armées avançant par des actes de conquête géographique, sont des actes de Guerre qu'il cautionne ou du moins qu'il considère comme entrant dans le spectre de la Guerre (exemple : les conquêtes barbares mettant l'Europe à feu et à sang, soldats comme civils croisés sur leur chemin, jusqu'à Vienne). Ses faveurs vont cependant avant tout aux batailles rangées, celles par exemple du Péloponnèse comme celles menées entre les nazis et les Alliés aux quatre coins de l'Europe, soldats en uniformes contre soldats en uniformes. Arès est globalement neutre, il se fiche le plus souvent des idéaux des camps, tout ce qui lui importe, ce sont les émotions traversées sur les champs de bataille par les soldats, qui stimulent sa propre nature et sa puissance. Les raisons des guerres, elles, appartiennent aux mortels et à leurs querelles insipides.

Note : la situation d'Arès est complexe car il est depuis plusieurs années banni du plan divin, et puni par Zeus. Ses pouvoirs ont donc été considérablement bridés et amoindris. Pour plus de clarté, la situation des pouvoirs cités est précisée selon s'ils fonctionnent en exil ou non.
Si rien n'est précisé, ils fonctionnent tout le temps, en exil et hors exil.
Si c'est "hors exil", cela signifie qu'ils ne fonctionnent qu'en temps "normal" et sont donc inutilisables en exil. Sinon, des précisions sont apportées sur la gradation du pouvoir.

En tant que Dieu de l'Olympe, Arès est bien sûr immortel. Comprendre par là qu'il ne peut être tué définitivement : en condition divine normale (hors exil), il est pratiquement invulnérable et intuable physiquement comme psychiquement. Dans l'hypothèse où on parvient à le blesser, sa régénération est ultra rapide, quasi instantanée. En condition d'exil parmi les mortels, privé d'accès dans les royaumes divins y compris son propre quartier général Areopagus en Grèce, Arès demeure immortel en terme d'âme et de psychée, mais pas physiquement. S'il meurt parmi les mortels, il se réincarnera quelques temps plus tard, quelque part sur Terre. Telle est la punition infligée par Zeus depuis des décennies.
Quant à ses pouvoirs, en digne fils du Roi des Dieux, et plus encore, en digne Dieu de la Guerre et de la race des Anciens Dieux, il ne pouvait en être autrement que d'être précisément l'un des êtres les plus puissants qui existent. Il est doté, comme tout Olympien et à un degré supérieur à certains d'entre eux (du fait de son attribut qui est la Guerre), d'une force, d'une résistance, d'une endurance, de réflexes surnaturels. Toujours parmi les traits communs aux Olympiens, il peut transmettre une partie de ses pouvoirs à autrui s'il le désire, et le récupérer de la même manière.

Plus spécifiquement à son être en tant que Dieu de la Guerre, hors situation d'exil, Arès peut comme son père, user de la foudre et des éclairs (assez puissants pour le blesser lui-même), manipuler les ténèbres et les ombres, matérialiser des armes ou objets "classiques" ou faits d'énergie et/ou invoquer des armes divines depuis Areopagus (en exil, la séparation du plan divin a réduit cette possibilité d'invocation d'armes divines, il ne peut désormais plus que matérialiser des armes "classiques" ou d'énrgie et non celles manufacturées par d'autres dieux qu'il possède dans son armurerie personnelle). Il peut également créer des armes à partir de toute matière en usant de reconstruction moléculaire, ce qui diffère de l'invocation. Il peut se téléporter où il le souhaite sur Terre (y compris en exil) et dans d'autres dimensions surtout celle divine (hors exil), projeter de l'énergie (hors exil), voler, manipuler la magie (degré moindre en exil), changer d'apparence, augmenter sa taille surtout sur les champs de bataille (hors exil).
Arès est doué de clairvoyance comme certains autres Dieux, et peut ainsi avoir conscience d'événements même sans y avoir participé, ce qui explique que bien des fois il connaisse l'identité de personnes avant même de les avoir rencontrées ou d'avoir été présenté à elles. Au-delà ce ça, il est doté de savoir cosmique, autrement il est conscient de l'existence d'autres réalités et univers.

Parmi les pouvoirs les plus sombres, Arès est capable d'user de contrôle mental, d'une manière terriblement douloureuse pour ses victimes. S'il maintient ce lien trop longtemps, ces dernières dépérissent, se désagrègent mentalement et physiquement tels des cadavres en devenir avant de mourir. Le dérivé moins violent de cela est sa télépathie et ses pouvoirs d'illusion, qui lui permettent de communiquer avec n'importe quelle forme d'intelligence. Un lien plus fort existe avec ceux qui célèbrent son culte. Il peut aussi en dérivé, dévoiler des scènes via ces illusions soit dans la tête d'autrui soit à travers sa cape.
Il peut également invoquer un Feu divin qui peut brûler toute matière mais aussi et surtout les âmes elles-mêmes. Enfin, il possède un charisme d'intimidation surnaturel, qui s'il l'emploie, peut faire ployer des esprits par sa simple présence, comme une aura sombre et menaçante.

Ayant plus de 8000 ans d'existence, il a suivi ardemment toutes les évolutions dans les arts de la guerre et du combat, que ce soit en termes d'arts martiaux, de maîtrise d'armements, mais aussi en termes de commandement tactique et stratégique.

Parmi ses faiblesses, comme tout Dieu, Arès est vulnérable face à d'autres Dieux vu qu'ils jouent sur un même plan de puissance et d'existence. Néanmoins, en tant que Dieu de la Guerre, il est plutôt celui qui domine les autres Dieux. Seuls Zeus, Diana, parfois Héra, et Aphrodite, sont de taille à le tenir en respect, ou alors le Panthéon tout entier. Il a déjà en effet affronté et vaincu plusieurs autres Olympiens, parfois seul contre plusieurs. Ce n'est pas pour rien que le Panthéon le craint et demande régulièrement depuis des millénaires à Zeus de calmer ses ardeurs belliqueuses quand il se fait menaçant envers ses pairs. Il est le croquemitaine des Amazones et des Dieux depuis la nuit des Temps. Il peut également être blessé et tué (temporairement) par des artefacts d'origine mystique ou divine dès lors qu'ils sont assez puissants pour cela.
Son amour pour Aphrodite l'empêche de lui faire du mal réellement physiquement, du moins il ne va jamais très loin en ce sens, et souvent elle sut, directement ou indirectement, le faire plier. Leur relation d'amour et de haine mêlées est complexe mais elle demeure même après des millénaires, sa faiblesse de coeur.
Une autre de ses faiblesses est un objet, à savoir l'Amulette d'Harmonia.

❯ De quelle Terre provient votre personnage? Si votre personnage vient du multivers, où se situe-t-il sur le spectrum de ses souvenirs?
Arès vient du plan Olympien, un plan parallèle au multivers. Ayant une conscience cosmique et étant clairvoyant comme d'autres Dieux, il connaît l'existence de réalités alternatives. Il possède des fragments de mémoire de ses doubles, mais aucun d'eux ne se soucie des autres, car ils sont des Dieux, et donc immortels. Arès sait donc ce qui est arrivé à d'autres Terres tombées sous l'appétit de l'Anti-Monitor, par des fragments de visions, mais de par son statut "supérieur", il n'a aucune intention d'en faire grand cas ni d'en parler à un quelconque mortel de sa réalité. Il préfère observer les conséquences de ces réminiscences dont certains sont dotés, et qui vont à coup sûr provoquer bien des chaos dans leurs innombrables vies misérables. De plus, la possible arrivée de l'Anti-Monitor impliquera de facto de grandes guerres galactiques, ce qui ne peut que lui plaire quand bien même sa propre existence serait en danger.

❯ Pseudo : Alek (Ozzy en graphisme autrefois)

❯ Pronoms: il / he

❯ Pays: France

❯ Avez-vous l'âge de la majorité: oui

❯ Fréquence de connexion : Tous les deux jours au moins mais ça dépend de l'emploi du temps pro et perso donc ça peut varier en bien comme en moins bien selon les périodes de l'année  

❯ Autres comptes : Oliver Queen

❯ Hypothétiquement, acceptes-tu de recevoir un aléa du destin ? Et comment, ce serait un comble que je dise non alors que je joue un personnage qui fait la même chose dans la vie des mortels (et immortels)    Faites-vous plaisir  

❯ Un dernier commentaire?: CE FORUM EST TELLEMENT UN CADEAU DES DIEUX. Et ça me coûte de dire ça avec ce perso    

Note : le langage et les positions des personnages décrits ci-dessous sont à prendre selon le contexte des personnages et des situations, et ne reflètent aucunement les positions de l'auteur. Il s'agit de fiction.
Trigger warning : guerre, cruauté, blessures, sang


« C’est sans honte que les mortels accusent les dieux de tous les maux.
De nous, disent-ils, vient leur peine. De nous, disent-ils, vient leur misère.
Mais ils sont en fait les seuls à blâmer. Eux et leur terrible folie. »
- Homère -

Temps présent, quelque part sur Terre au milieu d'un conflit armé.

« J'sais pas c'qui m'rend l'plus dingue. Savoir qu'on va probablement crever comme des rats ou qu'on doive attendre avant d'en découdre pour en arriver là, » maugréa Stevens. La bouteille de vin à moitié tourné continua de passer de main en main, de gorgée en gorgée. Terrés au fond d'un canyon boueux, les renforts censés arrivés, n'arrivaient pas, et aux alentours, les obus et tirs pleuvaient, résonnaient, se rapprochant inexorablement. Leur bataillon en grande partie décimé par une embuscade n'avait pas le moral au beau fixe. « Y a intérêt qu'on emporte le plus possible de ces enc**** avec nous c'est tout c'que j'sais. J'veux pas partir avant d'avoir épuisé toutes mes balles pour leur trouer leur sale peau. T'entends ça papa ? Ton bon à rien de fils, il se bouge le cul lui au moins pour l'pays ! » fit Malway, prêt à en découdre à chaque instant, autant en guerre contre l'ennemi que contre l'amertume de problèmes familiaux. Arès leva la bouteille en son honneur avec un regard entendu. Voilà un bon soldat. Au seuil de la mort persistait sa soif de sang et son honneur de guerrier bien décidé à ne pas expirer sans son quota d'âmes ennemies. Bien sûr, dans leur situation, la hargne aux relans racistes et nationalistes était la norme en guise d'auto-motivation contre l'ennemi allemand. Un trait commun à tous les soldats de tous les clans depuis la création des mortels. Arès, sous les traits du Caporal Buchanan d'ARGUS, restait en retrait, silencieux, à lire son livre rapiécé et trempé en fumant et buvant. Il écoutait distraitement. Leurs paroles le renvoyaient à bien des souvenirs.



« Je te hais plus qu'aucun des dieux qui vivent sur l'Olympe
Car tu ne rêves que discordes, guerres et combats »
- Zeus à Arès - Illiade, Homère -

Environ 14 000 ans avant J-C.

« Assez ! » Le glaive d'Apollon bloqua celui d'Arès à quelques centimètres de la gorge d'Héphaistos, vaincu et tombé à terre. Le regard du Dieu guerrier se releva vers son frère étincelant. Pendant un instant, l'envie de forcer le passage s'insinua dans son esprit. Celui d'enchainer le combat contre Apollon plus encore, promesse d'un duel au sommet face au meilleur combattant de l'Olympe à égal niveau d'Athéna et lui, et derrière Zeus bien sûr, le Tout-Puissant. Mais une effluve subtile, presque un courant d'air imperceptible, se déposa sur son coeur. Il s'abstint de glisser son regard vers celle qui en était l'origine, à quelques mètres non loin auprès du reste du Panthéon.

Capitulant en silence, Arès se redressa, rengainant son arme derrière son bouclier dans le dos. « Calme-toi, mon frère. Héphaistos et moi ne faisions que nous... amuser. Il faut bien mettre à l'épreuve ces merveilleuses armes de sa création, qui après tout m'ont permis de faire rempart face aux Titans menaçant chacune de vos vies pour la énième fois. N'est-ce pas Père ? N'as-tu pas aimé que je combatte à tes côtés ? N'ai-je pas une fois de plus fait pencher la balance en notre faveur quand bien des nôtres étaient à terre ou en retrait ! N'est-ce pas le rôle que tu m'as imposé que celui de combattre et combattre encore ? »

Le ton narquois, hautain, supérieur, ne trompait personne. Arès était protecteur de l'Olympe, le foudre de guerre qui gagnait en puissance à mesure qu'il grandissait, qu'il combattait, qu'il gagnait. Une aubaine pour protéger les Dieux pour beaucoup peu portés sur le combat, et vulnérables face à des menaces d'ordre divin. Une peur aussi, de voir cette puissance croître si formidablement, au point de menace d'échapper au contrôle de Zeus lui-même, déjà qu'Apollon et Athéna commençaient à peiner face à lui. Il était né 100 ans auparavant et déjà son ascension inquiétait.


* * * * * * * *



« J'aurais quand même aimé revoir Sarah... on devait se marier... à mon retour... elle est si... douce et... gentille... elle me manque tant... j'la reverrai jamais... j'vais mourir ici sans jamais avoir connu l'amour putain... » Une voix éteinte, lasse, étranglée. Des sanglots. Pas les premiers, ni les derniers. Le plus jeune de la section, 18 ans à peine, serra son arme pour combattre sa propre terreur face à la mort environnante, fixant le sol argileux et mou. Jeunesse fauchée à peine commencée. « Au moins t'as une raison d'te battre. Moi j'ai aucune femme qui m'attend si j'survis alors à quoi bon. » Ces mots imposèrent un silence lourd brusquement. Les clopes continuèrent de se fumer les unes après les autres au milieu de la boue et de la pluie.


* * * * * *


« Mais ils avaient coutume de bien dissimuler leurs premières unions : leur faute était empreinte d’une pudeur pleine de retenue. »
- Ovide -

Il fit les cent pas tel un lion en cage tentant de calmer l'adrénaline du combat contre Apollon. Les Dieux se regardaient. Le regardaient. Le jugeaient âprement. Il était le mouton noir. Le chien fou incontrôlable. Ils regardaient Zeus aussi, qui comme souvent, restait muet, jugeur, mais muet. Un mutisme qui encourageait Arès à surenchérir au fil des années, lui qui cherchait précisément à faire enrager son géniteur cruel qui l'avait condamné au fardeau de la Guerre et à la solitude qui allait avec.

Au-delà du combat trompeur d'ennui, nul n'ignorait que le Forgeron et le Soldat ne s'appréciaient guère. Il fallait dire que personne, hormis Poséidon et Aphrodite, n'appréciait Arès au sein du Panthéon. Il était le paria, le semblable égal à une erreur qui n'avait pas sa place parmi eux, et cela depuis sa naissance plus de neuf mille ans avant l'avènement du nouveau Dieu et de son fils Jésus Christ. Un postulat qui arrangeait Arès, car il camouflait la vraie raison de sa colère envers le Forgeron : sa jalousie. Sa jalousie envers cet époux dédié à sa femme Aphrodite. L'imaginer coucher avec ce boiteux difforme, ce rustre sans élégance, qui ne savait qu'à peine se battre, le rendait fou de rage. Sans elle une fois de plus, il aurait été trop loin. Il allait toujours trop loin. Depuis sa jeunesse, jusqu'à ces premiers siècles de vie écoulés, Arès n'était que fureur et violence, quand ce n'était pas auprès des premiers humains encore à l'ère des chasseurs et cueilleurs se livrant des guerres de tribus sur Terre, c'était contre les siens ici. Il n'était aussi néanmoins, que passion tout court.

Il ne s'autorisa que des regards très furtifs sur Aphrodite, dont l'aura magnifique l'attirait toujours plus que de raison. L'impatience de la nuit, de leurs retrouvailles à l'abri du regard scrutateur d'Hélios en journée, le tiraillait. Il savait que tôt ou tard, son comportement lui vaudrait de vraies et profondes scissions face à ses pairs, et il s'entait qu'Aphrodite tentait d'éviter cela en modérant ses ardeurs subtilement. Mais cela finirait par ne pas suffire. Ils le savaient tous les deux.

A la nuit tombée, comme bien des nuits depuis des décennies où Héphaistos travaillait le feu et le fer, il retrouva Aphrodite dans la couche même qu'elle et son mari forgeron partageaient. Affront à l'image de l'arrogance du dieu soldat. Comme chaque fois, Alectryon le jeune éphèbe aux ordres d'Arès, montait la garde à l'entrée, paré à prévenir son maître avant le retour du soleil d'Hélios qui voyait tout, pour qu'il puisse fuir et que leur liaison passionnée demeure secrète. Bien des années passèrent où cette liaison perdura sous les meilleurs auspices, bien que l'appétit guerrier du Dieu ne cessa de grandir et de mettre à rude épreuve les nerfs de tout le Panthéon.

Il arriva cependant qu'un jour, environ 11 000 ans avant J-C, Alectryon finisse par s'endormir à son poste de guet, laissant Aphrodite et Arès inconscients de l'aube naissante. Alors Hélios les vit, et prévint Héphaistos. Un filet incassable forgé par ses soins leur fut jeté dessus, et le Forgeron choisit de les humilier publiquement en convoquant tout le Panthéon pour les voir ainsi pris sur le fait. Cette humiliation ne fit qu'attiser plus encore la rancoeur d'Arès envers ses pairs, qui devint proche de la haine pure et simple.



Environ 9000 ans avant J-C.

« ZEUS ! COMMENT PEUX-TU PRONONCER UN TEL VERDICT ?! IL A TUE MON FILS ! » Poséidon enrageait. Et à chaque vocifération, les océans du monde des hommes se déchainaient de concert. Arès, debout et enchainé au milieu de l'assemblée des Dieux, ferma les yeux. La sentence l'épargnait, mais elle n'en demeurait pas moins révoltante. « Ton fils était un sale porc qui a mérité son sort. » ragea le Dieu de la Guerre, les nerfs mis à rude épreuve à la seule pensée que sa fille Alcippe ait pu être violée par ce salopard. « ASSEZ ! TOUS AUTANT QUE VOUS ETES ! Ma décision est prise. L'action d'Arès bien que regrettable, est légitime. Dans l'ordre des choses c'est ton fils, Poseidon, qui aurait dû se trouver à ce procès et non le père protecteur et offensé. » Arès sourit, savourant ce rabaissement envers son pair. « Qu'il soit néanmoins acté que plus aucun Dieu à l'avenir ne pourra se prévaloir de faire justice lui-même envers tout autre Dieu. Pour cette vengeance octroyée sans mon consentement, et pour toutes tes provocations dangereuses de ces derniers siècles, tu es banni, Arès, et condamné à vivre parmi les mortels jusqu'à ce que je décide du contraire. » Une décision que le roi des Dieux allait regretter amèrement. Croyant punir Arès il ne fit que lâcher le chien dans un terrain de jeu sans limites.



Séparé d'Aphrodite, la seule capable de modérer ses ardeurs, Arès passa les siècles suivant à corrompre les humains, en pure vengeance envers son père qui l'avait ainsi puni alors qu'il avait agi dans son bon droit face au viol de sa fille. Bien sûr ça n'avait été que la goutte de trop après des millénaires d'agressivité difficilement contenue. Arès attisa conflits, trahisons, guerres aux quatre coins de la Terre, parmi les tribus les plus diverses de ces premiers pas de l'Homme. Sa haine des Dieux et envers la création de son père ne fit que croître et bientôt, il ne fit plus la différence entre influencer, combattre au niveau des hommes, et littéralement combattre sous sa forme la plus divine et la plus terrifiante. Les autels et sacrifices morbides à son effigie pour espérer ne pas subir sa colère se multiplièrent peu importaient les croyances. Il avait élu domicile pour sa part, sur la colline même où avait eu lieu son procès, renommée Areopagus. Il y accueillait les soldats les plus sanguinaires qui tombaient au combat et méritaient d'oeuvrer en son nom ensuite.

Voyant que sa création risquait la décimation, Zeus envoya de nombreux Dieux pour tenter d'arrêter Arès. Mais aucun ne réussit son entreprise et il redoubla de force implacable sur le monde des hommes. Les déesses en parallèles, créèrent les Amazones, et Aphrodite les abrita sur une île divine, Themyscira, hors d'atteinte du Dieu de la Guerre, son propre amant devenu incontrôlable et contre qui elle luttait elle aussi désormais, bien que de manière plus détournée que les autres.

En apprenant cette fourberie, pour provoquer plus encore les siens, Arès provoqua une dévastation terrible au coeur de la Grèce, mêlant guerres entres clans et catastrophes climatiques. Les volcans ne cessèrent de cracher leur lave et leur fumée pour tout détruire, sachant que plus que nulle part ailleurs les Dieux verraient ce chaos au pied de leur Mont Olympe. Il alla loin, trop loin, au point que les Dieux implorèrent une fois de plus Zeus de réagir quand chacun d'eux revenait vaincu, parfois tué et forcé à une réincarnation aléatoire. Une véritable guerre entre les Dieux qui allait tout consumer sur son passage.

Alors Zeus intervint en personne et anéantit Arès, le condamnant à la prison sur Themyscira elle-même, sous la bonne garde de sa magie divine et des Amazones elles-mêmes, en punition d'orgueil plus terrible encore que ses chaînes.



A partir d'environ 4000 ans avant J-C, Arès fut emprisonné sur Themyscira et la Terre put retrouver un minimum de paix, même si les conflits persistaient. Ils n'étaient juste plus aussi dévastateurs que sous l'égide d'Arès. Mille ans plus tard, naquit Diana, fille de la Reine d'alors, Hypolyta. La curiosité de la gamine la poussa à venir parler régulièrement à cet "arbre étrange" qui lui répondait avec bienveillance, et qui n'était autre que la prison du Dieu Guerrier. Son grand frère. Un lien se tissa malgré eux au fil des décennies. Il est à noter qu'il ne lui mentit jamais, ce qui causa grand tort entre elle et des vérités que lui cachaient ses soeurs et sa mère pour la préserver, la poussant à questionner.

Il finit par réussir à s'évader, environ 2300 ans avant J-C. Afin de ne pas subir de nouveau la foudre du Père, Arès décida de ne plus abuser ouvertement de ses pouvoirs divins. Il employa ses pouvoirs d'influence pour amplifier des conflits déjà naissants, et s'assurer que les guerres s'enchainent, s'immisçant parmi les soldats de toutes les armées. Athéniens, Spartiates, Carthaginois, Masaïs, Amérindiens, Chinois, Mongols, Arabes, Polynésiens... aucune ethnie ne lui échappa et il s'en donna à coeur joie, restant dès lors sous le seuil d'interposition des autres Dieux condamnés à l'affronter de la même manière par des biais détournés.



Arès avait un but : retrouver l'emplacement de Themyscira pour détruire l'île et ses Amazones, et faire payer à Aphrodite son grand amour, sa trahison passée. Cela devint néanmoins une sorte de jeu macabre entre eux, s'affrontant par pions interposés, l'Amour contre la Guerre. Quand Diana quitta l'île pour rejoindre le monde des hommes, bien sûr qu'Arès fondit sur l'occasion de la confronter en lui faisant voir toutes les horreurs du monde. Plusieurs fois ils s'affrontèrent, directement comme indirectement, sans qu'il ne parvienne jamais à la vaincre. Néanmoins il avait gagné sur un autre terrain : celui de lui faire perdre toute innocence quant à la violence naturelle du coeur des humains, sans besoin de son intervention à lui.

Avec l'avènement de Wonder Woman au grand jour, Arès eut moins de scrupules à cacher sa vraie puissance aux mortels et retomba dans l'engrenage de sa haine et de son orgueil tout puissant. Il parvint ainsi en 2018 à combattre Diana et manqua de la tuer, attirant de nouveau l'attention de Zeus par le biais d'Aphrodite, protectrice des Amazones, mêmes celles hors de Themyscira. Cette fois-ci, Zeus rendit un verditc plus sévère encore pour ne pas refaire l'erreur du passé en le laissant sur Terre avec tous ses pouvoirs : il bloqua la majorité de ces derniers et condamna Arès à être privé de tout plan divin, y compris son propre quartier général Areaopagus. Il ne lui laissa que les pouvoirs utiles à la dissimulation de son caractère divin : illusions, télépathie, force, endurance, réflexes améliorés, téléportation, etc. mais lui retira notamment la partie physique de son immortalité. Cela condamna Arès à pouvoir mourir physiquement de la main d'humains ou de méta-humains, et à subir des réincarnations.



Temps présent.

Un bruit. Des claquements d'ailes, d'ailettes mêmes. Arès, dans son canyon boueux, vit le temps s'arrêter, ses compagnons d'arme se figer. Un regard vers le ciel, et la silhouette d'Hermès, aux sandales ailées et au casque doré, lui apparut. « Ton message ? » Les ordres de Zeus étaient clairs. Hermès était le seul à avoir le droit de cotoyer Arès, pour assumer son rôle de messager, mais devait se contenter du strict nécessaire. Arès, sous son identité de caporal, eut un rictus amer. Il sortit un papier plié avec soin de sa poche intérieure, et le tendit au Dieu messager. Ce dernier repartit et le temps reprit sa course sans que personne n'eut rien remarqué. Arès pourtant, garda le regard tourné vers le ciel pluvieux. Tout là-haut, un couple de cygne volait, migrait, indifférent à la guerre à même le sol. Le cygne était l'un des animaux d'Aphrodite. Depuis cinq ans qu'il était exilé parmi les mortels sans plus beaucoup de ses pouvoirs, il s'était mis au niveau des humains, et avait calmé ses ardeurs. Il avait agi autant qu'observé les aléas des hommes, amusé plus qu'inquiet de l'attaque d'Ocean Master qu'il avait contemplé à la télé alors qu'il jouait les mercenaires dans le conflit soudanais.

Ainsi, Aphrodite, qui devait s'ennuyer depuis longtemps probablement en comparaison avec la période où son amant fougueux lui permettait de vivre des aventures stimulantes, avait repris contact avec ce dernier, et désormais ils correspondaient ponctuellement par le biais d'Hermès et de signes détournés. Comme tous les autres Dieux, elle avait interdiction de s'approcher d'Arès le banni.

Leur conflit passionné n'était en rien enterré, mais la trève était réelle tant qu'Arès se trouvait ainsi amoindri sur Terre. Après tout ils s'aimaient depuis des millénaires, et avaient même eu des enfants ensemble. Le genre d'affection qui même au coeur d'un conflit, demeure en partie. Il avait pour ambition de mettre un terme prochainement à sa situation bien sûr. Mais les termes de Zeus étaient fourbes : il ne retrouverait sa puissance que dès lors que des êtres aux coeurs généreux et purs en arriveraient à invoquer son nom en tant que divinité de la Guerre. Il s'assurait ainsi que cela n'arrive jamais : plus personne n'encensait le panthéon grec depuis des millénaires, et double peine, ce n'était déjà à l'époque que rarement les coeurs purs qui invoquaient l'un des Dieux les plus cruels et implacables. Seuls les soldats assoiffés de combat et de sang lui avaient voué un culte sans faille. Un vrai casse-tête que d'amener aujourd'hui des coeurs pareils à prier un panthéon oublié. Un défi à la hauteur du compétiteur terrible que serait à jamais le Dieu de la Guerre.