Richard sortait d’une séance de musculation et d’entraînement au combat, comme il les aimaient. Quelque chose d’intense pour lui permettre de toujours garder les mouvements en mémoire. Il a te la chance d’avoir fait du sport aussi vite dans sa vie, lui permettant d’avoir obtenu le plus rapidement possible ce genre de musculature lui permettant ce genre de chose. Quelque chose dont le boy-wonder était bien fier. Encore plus aujourd’hui. Il était toujours dans la pièce, transpirant de partout, avant de s’éponger le visage doucement à l’aide d’une petite serviette. Il venait souffler quelques instants avant d’aller prendre une douche. Histoire de se rafraîchir après l’effort. Le sport était un grand allié, lui permettant de se sortir la tête de sujet, de ne penser à rien d’autre que les mouvements. C’était une réelle échappatoire. Il se surprenait assez souvent ces temps-ci à s’entraîner plus pour son esprit qu’autre chose. Douche bien fraîche, l’homme sortait pour s’essuyer, enfilant un short assez large, avec un t-shirt qui passait par là. Tenue plutôt simple et surtout confortable. Il se passait un coup sur ses cheveux avant de laisser la serviette sur son épaule. Il se rendait ensuite en direction de la salle commune.

L’endroit était vide. Chacun voguait à ses activités, et Richard ne traquait personne. Il n’était pas Batman qui avait ce besoin presque nécessaire d’avoir à surveiller ses alliés. Ici, au Mont, chacun était libre de faire ce qu’il l’entendait. Chacun avait même ses propres quartiers. Lorsqu’il se rendait compte qu’il était bel et bien seul, il venait simplement prendre une boisson avant de se diriger dans sa chambre. Il entrait, laissant la porte ouverte, avant d’allumer la télé et de rester debout, à écouter les news. Les choses qui se produisaient dans le monde. Et surtout dans le coin. Richard se devait de rester à l’affût. Toujours. Il ne savait pas ce que demain préparait. Être prêt à tout était une de ses facettes. Mais ces derniers temps, l’escalade de la violence lui semblait avoir atteint des sommets jamais atteints tantôt. Il avait juste l’impression que tout grimpait sans descendre. Un jour, tout allait se stabiliser, il comptait bien être de la partie pour ce fameux jour. Mais il était bien loin, même quelqu’un d’aussi optimiste que lui pouvait le reconnaître. Il restait debout, juste à écouter, alors qu’il prenait sa boisson pour l’ouvrir et se désaltérer, et lui faire un bien fou. Il venait poser la petite bouteille sur un meuble non loin avant de reporter son regard sur l’écran. Il essayait de se faire une liste des choses qu’il devait faire, comme avoir Alfred au téléphone, savoir si tout allait, lui parler quelques minutes. Lui raconter sa journée. Il était une personne spéciale aux yeux de Richard, il remplissait des tâches que Bruce ne faisait pas. Il se souvenait aussi d’aller tester son nouveau prototype de planeur, espérant que celui-ci n’allait pas lui claquer dans les mains comme l’ancien. Mais tout ça venait être chassé de son esprit quand il entendait du bruit dans le couloir.

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Cela faisait plusieurs mois que la vie de Kori avait changé. Un changement subtil, invisible, quelque chose clochait et elle n’a jamais su expliquer pour quelle raison. Non pas par manque de confiance en ses amis, mais plutôt par honte, elle n’avait jusque là pas expliqué ce qui lui arrivait et ce n’était pas faute de recevoir à tout va des questions concernant plusieurs de ses dires et de ses actes. Elle avait tout simplement l’impression de devenir folle, comme si la folie des années d’incarcération à la Citadelle reprenait le dessus.

Elle parvenait malgré tout à rester au Mont, gardant ses distances avec les autres Titans lorsqu’elle jugeait que c’était nécessaire. Elle n’était pas certaine que ce soit la meilleure des solutions, mais ça lui permettait de se raccrocher à ce qui lui était familier. Être aux côtés des Titans c’était être auprès de sa famille. Après tout, ils étaient les seuls à ne l’avoir jamais trahie, du moins dans ses souvenirs. Mais elle ne voulait pas penser à l’éventualité que ses souvenirs soient compromis au point de ne plus savoir si ses amis étaient dignes de confiance ou non.

Kory déambulait dans les couloirs du bâtiment, ses écouteurs dans les oreilles, s’enfermant dans une bulle de musique pour éviter de trop réfléchir. C’était bien quelque chose qu’elle aimait sur Terre : la musique. Evidemment, sur Tamaran la musique était douce à l’oreille, mais la variété des genres que l’on peut trouver sur Terre est une des choses que Kori préfère. Elle connaît ces couloirs par cœur, même si quelques petits détails semblent différents. Différents de quoi ? C’est bien là l’éternelle question, mais là, tout de suite elle ne plus à rien si ce n’est qu’à ce jazz qui résonne dans ses oreilles.

Ses pas la guident jusqu’à une porte. Pas n’importe quelle porte, non. Une vieille habitude sortie de nulle part sûrement. Sans réfléchir, sans s’en rendre compte, elle s’était retrouvée devant la porte de son ami. Un nœud au ventre, elle s’y arrête un instant sans dire un mot, essayant de ne pas faire de bruit. Pourquoi ces souvenirs si doux la hantaient de la sorte ? Comment pouvait-elle s’être fait de telles idées ? Elle hésite un moment entre rebrousser chemin ou de passer le pas de la porte restée ouverte. Elle s’apprête à faire un pas en arrière puis change d’avis à la dernière seconde et passe alors la tête dans l’encadrement de la porte discrètement.

« Hey… »

Elle voulait parvenir à au moins redevenir l’amie qu’elle avait toujours été mais si elle persistait à tout garder pour elle, elle ne pourrait se débarrasser de sa culpabilité et de son malaise.

« I hope I’m not interrupting. Can I come in ? »

Elle savait qu’il aimait parfois se poser pour écouter les news. Il n’était pas le leader des Titans pour rien et sa façon d’être toujours à l’affût de la moindre situation dont le groupe pourrait s’occuper justifiait sa position.

Elle ignorait si elle allait être capable de lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, briser la glace. Il le fallait pourtant car cela faisait maintenant plusieurs mois que tout était devenu bizarre et qu’elle n’osait plus regarder qui que ce soit dans les yeux et encore moins se regarder dans le miroir. Même sans explications spécifiques, elle se devait de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait et arrêter de faire semblant.

« Just wanna talk if that’s okay. »

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Richard, qui était plus tôt concentré sur la télé, sur les news et les informations que l’homme pouvait emmagasiner , était tout à coup distrait par un bruit dans son dos. Des bruits de pas, relativement lent. Il n’était pas inquiet, personne en dehors des Titans n’avait d’accès à la tour. Dans le pire des cas, c’était seulement un ami à lui. C’était pourquoi il n’était pas sur ses gardes, et s’était laissé prendre par surprise sans être déjà retourné. Une voix venait lui permettre de trouver l’identité de la personne. Kory. Une femme qu’il avait aimé pendant très longtemps. Une femme qui comptait beaucoup pour lui et qui était une partie importante de sa vie. Elle avait permis à Richard de changer, passer du Richard qui venait d’entrer dans sa vie d’adulte à ce Richard-ci, leader des Titans, responsable, et bien plus mature. La femme n’en était pas pour rien, elle était même la raison de ce changement. Elle avait réussi à le rendre adulte, à lui permettre de faire des choix, à se rassurer. Il lui en était plus que reconnaissant. Mais malgré tout l’amour qu’il avait pour elle, il n’avait pas réussi à passer outre son premier amour. Il n’y arrivait plus, c’était beaucoup trop fort. Et surtout, par dessus tout même. Il ne voulait pas blesser Kory ou lui manquer de respect. C’était la raison de sa rupture avec elle. Il ne voulait pas la prendre pour ce qu’elle n’était pas, ni faire sentir à cette femme extraordinaire autre chose qui n’était pas quelque chose qu’elle méritait à cent pour cent. C’était tout simplement impossible pour lui de l’imaginer. Et s’il ne pouvait pas être avec elle totalement, il préférait ne pas l’être du tout. Cependant, ces années passaient à ses côtés étaient bien réelles, il n’avait pas menti dessus et éprouvait de l’affection pour elle.

Richard tournait à moitié son corps, laissant sa tête finir la rotation. Kory était à l’entrée de son quartier. Lui demandant si elle pouvait rentrer. Sans hésitation, il lui répondait. « Of course you can, is everything alright ? » demandait-il, avec une pointe d’inquiétude. Son amie ne semblait pas être totalement dans son assiette ses derniers temps, mais elle refusait d’en parler, ou leurrait les gens sur de fausses réponses. Mais Richard ne voulait pas se montrer poussif ou intrusif, préférant laisser la personne venir d’elle-même. Ce qu’il espérait être le cas. Lorsqu’elle lui demandait s’ils pouvaient parler, encore une fois, réponse rapide. « Yeah ! Yeah we can do that » Avant de venir faire quelques pas pour se mettre dos à sa commode, à moitié assis dessus, les mains lui permettant de se tenir dans une position plutôt confortable. « You know you can tell me everything right ? You know that ? » Lui disait-il, tentant de rassurer la femme devant lui. Voir Kory dans un état qui n’était pas celui qu’il connaissait d’elle lui faisait mal au cœur. Il espérait que ses paroles allaient pouvoir l’aider. Richard était à l’écoute de la femme, fronçant quelque peu les traits de son visage pour maximiser son attention, comme si tout ça lui permettait d’être plus concentré sur les paroles de son ancien amour. Il ne la jugerait pas, comme il le ferrait à personne de son équipe. Pouvoir venir lui parler, se sentir en confiance avec lui était quelque chose de primordial, c’était une valeur qu’il se voulait de tenir. Encore plus lorsque la personne devant lui était la femme avec qui il avait partagé plus de temps avec elle qu’en tant que Robin. Richard était prêt à entendre les paroles de Kory.

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Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas comprendre quelque chose ou d’oublier quelque chose qui, on le sait, était pourtant là. La situation dans laquelle Kory se trouve depuis quelques mois est compliquée et jusqu’à présent, elle ne s’est confiée à personne, prétendant chaque jour que tout va bien, que tout est normal. Comment parler de ces choses sans que l’on pense que quelque chose ne tourne pas rond dans son esprit ? Elle se souvient encore du regard de Richard lorsqu’elle l’a embrassé et que ça semblait être sorti de nulle part. Il faut imaginer que l’on embrasse la personne avec qui l’on partage sa vie et que cette dernière se comporte comme si le mariage n’était jamais arrivé. Elle ressent ce vide, cette honte et se bat tant bien que mal pour avoir l’air des plus normales. Mais comment faire lorsque l’on ne sait pas vraiment ce qui est normal aux yeux des autres ?

Après des mois de silence et d’isolement, Kory décide de briser la glace, d’aborder le sujet avec Richard. Elle lui fait confiance aveuglément, après tout elle est persuadée qu’à un moment donné elle a été mariée à cet homme et si elle ne lui faisait pas entièrement confiance, elle a du mal à imaginer comment ce serait possible. Elle veut croire qu’il ne la jugera pas et que même s’il ne comprendra pas forcément, il l’aidera et la soutiendra. C’est ce qu’elle espère, ce qu’elle veut croire.

C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée là, devant sa porte, hésitante et pourtant déterminée à sauter le pas. C’est si compliqué de refouler toutes ces pensées et tous ces souvenirs qui rendent la chose plus difficile qu’elle ne l’est vraiment mais elle se jette à l’eau finalement. Elle s’annonce et demande si elle peut entrer. Elle se revoit encore débouler dans cette chambre sans même frapper, sans hésiter, même lorsqu’ils n’étaient pas ensemble, mais maintenant, elle l’impression qu’elle doit mesurer chaque acte et chaque parole. Elle fait quelques pas dans la chambre sans pour autant relâcher sa garde, sans pour autant s’autoriser à s’asseoir sur son lit.

« I know I can, this is why I wanted to talk to you. »

Elle fait quelques pas à gauche puis quelques pas à droite. Ça ne lui ressemble pas à la Tamaranienne, elle n’est pas timide pour un sou. Il ne s’agit là pas de timidité mais d’inquiétude. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Chaque matin elle angoisse à l’idée de se lever et que ses amis lui demandent qui elle est, elle a peur de tout perdre.

« I bet you’ve noticed how strange I’ve been for the last few months. I’ve been silent, I’ve been avoidant. »

Elle prend une franche inspiration avant de reprendre.

« I don’t know how to explain it, to be honest. Even I don’t know what is going on, I just know that something feels different. I haven’t been able to make the difference between what’s real and what is not and that scares me. »

Finalement, elle se résout à s’asseoir sur le lit de son ami, son ancien amant.

« I need you to tell me my story. Our story. Just pretend I am a stranger and don’t know anything, don’t forget a single detail. Please… »

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Richard se voulait calme, il voulait que sa voix puisse apporter de l’aide, du réconfort pour la femme. Il souhaitait qu’elle ressente assurance pour qu’elle puisse avoir le courage de lui parler. De lui dire ce qui n’allait pas. Il le sentait aussi, mais il voulait qu’elle soit la personne pour lui dire. Et non lui venir à chercher. Richard trouvait cela plus naturel dans ce sens. Il se tenait toujours au niveau du meuble, lorsque Kory commençait à prendre la parole. Elle faisait enfin ces quelques pas pour qu’elle puisse se retrouver dans sa pièce, et ne plus être entre cette dernière et le couloir. Avant d’énoncer quelques mots. Le rassurant sur ses paroles. Qu’elle savait. Il en était content. Avant de commencer à se déplacer. Il n’avait pas de souvenir de Kory ayant ce type de réaction. Ce à quoi il levait un sourcil, sans rien dire. L’écoutant continué.

Ses paroles semblaient effrayantes. Être dans le flou, ne plus savoir ce qui était la réalité et ce qui ne l’était pas semblait si impensable, mais si terrifiant à la fois. Et s’il y avait bien une chose que Grayson avait comprise avec les années, ce qu’il n’y avait rien d’impossible. Restant calme, il voyait Kory finir ses pas sur son lit, assise avant de lui demander de raconter son histoire. Richard n’y voyait pas d’inconvénient, avant de prendre une ou deux secondes avant de commencer à répondre. Sans lui poser de question.

« Hum, where to begin with, you came to earth like a couple years ago. We find you. » Avant de rattraper un peu, se souvenant de l’importance que Kory avait eu dans sa vie. « You found me. » Ses neurones fusaient, il continuait à lui raconter la suite. «  You had a hard time adapting to earth, i remember that time you almost burnt the appartment when you tried to use the oven, to finally cooked it with your power. » Disait-il, avec un petit sourire qui accompagnait l’agréable anecdote. Pour reprendre un peu de sérieux et reprendre. « We’ve been together for a long time. It worked out pretty well to be honest. That was great. » Il ne mentait pas, il n’avait jamais menti sur le fait que Kory était une personne géniale. Et son discours n’allait clairement pas changer parce qu’il n’était plus avec. Très loin de là. Puis, venait le moment un peu plus épineux. Il reprenait donc, essayant de  bien choisir ses mots. « Then, like a year ago, i wasn’t feeling like myself. And i ended up confused.  I didn’t wanted to fool around, or make you loose your time. It wasnt fair, so we ended our relationship. I didn’t mention exactly why that time. »

Il se souvenait lui avoir expliqué qui ne se sentait plus bien, que quelque chose n’allait plus avec lui. Ce n’était pas des mensonges. Il ne se sentait plus aussi impliqué qu’avant, il savait que quelque chose clochait avec lui. Il n’arrivait pas à sortir son premier amour de sa tête. Et s’il n’arrivait pas à être totalement sur Kory, alors il ne la méritait tout simplement pas. Il respectait beaucoup trop la femme pour être avec elle sans l’aimer entièrement. Il reprenait ensuite, pour terminer le résumé. « We were a bit split to let thing settle for a bit. Time has passed, Titans were formed. And here we are. For the big part. » Finissait-il. Richard avait ajouté beaucoup de détail à ses récits pour situer et aider la femme un maximum.

Richard était inquiet pour son amie. Il ne savait pas trop comment il pouvait l’aider, mais il comptait faire ce qu’il fallait. Il voulait continuer à être rassurant. Il se relevait pour venir faire quelque pas vers elle, faisait un signe de sa main pendant sa prise de parole.« Whatever this is, i’m sure we can work it out, that’s what we always do » Terminait-il, en venant regarder à nouveau la femme qui partageait sa vie tantôt.

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