“All gods who receive homage are cruel. All gods dispense suffering without reason. Otherwise they would not be worshipped. Through indiscriminate suffering men know fear and fear is the most divine emotion. It is the stones for altars and the beginning of wisdom. Half gods are worshipped in wine and flowers. Real gods require blood.” @Teth-Adam

Il était rare – et heureusement – que des êtres aussi âgés et puissants que Diana se révèlent au monde entier. Dieux, demi-dieux et autres champions étaient peu nombreux, mais chacun d’entre eux représentait une menace potentielle pour l’humanité. L’Amazone en savait quelque chose ; elle avait suffisamment traqué Arès et leurs semblables pour savoir combien ils étaient dangereux. Pour beaucoup, les humains n’étaient guère plus que des pions sur un échiquier de grande échelle, des dommages collatéraux acceptables pour ceux qui n’avaient de toute façon qu’une piètre opinion d’eux. C’était là le côté de la psyché des dieux que Diana trouvait le plus répugnant. Ils y avaient des exceptions, certes, mais l’arrogance et le mépris étaient monnaie courante. Quand on possédait des pouvoirs sans aucune limite ou presque, il était trop facile d’en faire usage selon son bon vouloir. Qui vous en empêcherait ? Qui vous arrêterait ? C’était la question qui s’était posée lors de la dernière réunion de la Ligue. Quand un homme qui tenait ses pouvoirs des dieux s’autoproclamait roi d’une nation en péril après l’avoir purgée de la plupart de ses menaces, il fallait s’en inquiéter. L’homme en question se faisait appeler Black Adam, et si la population du Kahndaq l’avait érigé en sauveur, son arrivée au pouvoir n’était peut-être pas une aussi bonne nouvelle que cela. Parfait miroir du champion des Olympiens, Black Adam inquiétait la Ligue de Justice. Diana, tout particulièrement, qui craignait de le voir franchir la ligne rouge. Sa façon de nettoyer le Kahndaq d’Intergang avait été particulièrement sanglante. Cela avait agité les Nations Unies et attiré l’attention d’Amanda Waller. Rassurer le Conseil de sécurité était une chose, composer avec la directrice d’ARGUS en était une autre. Steve avait prévenu la Ligue : ils avaient tout intérêt à entrer en contact avec Black Adam avant elle. Elle risquait d’essayer d’en faire l’un de ses propres pions, et si Diana ne la connaissait pas aussi bien que son époux, elle savait néanmoins qu’il ne fallait surtout pas la sous-estimer. Elle semblait avoir un don pour trouver les faiblesses là où il semblait n’y en avoir aucune et ses talents de manipulatrice étaient sans pareils.

Une chance pour la Ligue de Justice, là où Amanda Waller maniait l’art de la manipulation à la perfection, Diana maniait celui de la diplomatie. Elle avait eu cinq millénaires pour en apprendre les rouages, aussi avait-il été décidé d’un commun accord avec tous les membres de la Ligue que c’était elle qui se rendrait au Kahndaq pour entrer en contact avec Black Adam. Elle avait pour espoir non seulement d’aplanir le terrain pour instaurer une relation de bonne entente avec lui, mais surtout celui de couper l’herbe sous le pied d’Amanda Waller. Pas question, donc, de faire une entrée fracassante dans le royaume de Black Adam. La première étape consistait à faire preuve de respect. Elle se présenta donc aux portes de son palais, et attendit patiemment qu’on vienne s’occuper d’elle. Plus que son armure de Wonder Woman, elle avait revêtu celui d’ambassadrice de Themyscira. Elle n’était juste la super-héroïne que connaissait le monde entier, elle était aussi l’envoyée de la reine Hippolyte dans le monde des hommes, la représentante d’une nation elle aussi bien différente. Elle espérant que Black Adam en prendrait note. Conviée à suivre l’envoyé du champion, elle le suivit à travers le dédale de couloirs du palais, prenant note de tous les détails qui pourraient avoir leur importance. Beaucoup de gardes, mais aussi beaucoup d’érudits évoluaient dans les lieux. Elle vit passer plusieurs hommes avec des piles de parchemins sous les bras, d’autres avec des montagnes de livres qui avaient vu de meilleurs jours mais devaient regorger d’un savoir ancien sur lequel beaucoup auraient aimé mettre la main.

Les portes du grand hall refermées derrière elle, Diana décide de faire preuve de bonne volonté en s’inclinant face à Black Adam. Il ne lui était pas difficile de discerner l’aura divine qui émanait de lui ; en bien des points, elle était semblable à la sienne. « Teth6Adam. Merci de m’accueillir sur tes terres. Je n’ai aucun doute sur le fait que ma venue soit… une surprise. N’aie crainte, je ne suis pas ici pour troubler la paix de ton royaume. Je suis ici au nom de la Ligue de Justice, mais également en tant qu’ambassadrice de ma propre nation. Tu n’es pas sans savoir que je parle au nom de la reine Hippolyte. » Elle lui adresse un sourire qui se veut avenant, se rapproche de quelques pas pour le jauger un peu plus. « Quand un champion des dieux fait son apparition, le monde entier retient son souffle. La Ligue et moi-même aimerions nous entretenir avec toi. Je sais combien le monde moderne est… déroutant, pour les êtres tels que toi et moi. Les règles et les lois ont changé. Mais j’espère que nous pourrons nous entendre. Je ne suis ici que pour en apprendre davantage sur le champion que tu es. Le Kahndaq a connu de longues périodes de troubles, tu sembles l’en avoir sorti. Bien que ni la Ligue ni les Nations Unies n’approuvent les méthodes employées… Mais j’imagine que cela n’a guère beaucoup d’importance à tes yeux. » Les mains jointes devant elle, elle vagabonde dans le hall, accroche du regard les colonnes de pierre qui tiennent la voûte du palais plusieurs mètres au-dessus d’eux. « Le monde s’inquiète de savoir si ta justice franchira les frontières de ce royaume, Teth-Adam. Il n’a pas encore l’habitude des gens comme nous. » Et, de tout son cœur, elle espère que ce ne sera jamais le cas.

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