Furieuse, dechainée, tempétueuse : Naiad est la mer, et la mer est Naiad. Tout épithète et adjectif que lui ont donné les poètes au fil des siècles s’applique à son avatar, dans toute la splendeur de ses contradictions. Incarnation à forme humaine des eaux du monde entier, elle est aussi fluide et changeante qu’elles, imprévisible, un moment calme et le suivant dévastatrice. Entière et sans compromis, Naiad offre parfois, mais surtout prend. Ce n’est pas du calme des lacs ou du doux murmure des rivières qu’elle a hérité son tempérament, mais du tumulte des courants les plus sévères. Née dans des conditions violentes, Naiad a hérité du Parlement des Vagues une mission qui reflète sa naissance : là ou Swamp Thing cherche à garantir un certain équilibre, Naiad, elle, a été créée comme un avertissement, comme un appel à l'aide d’une nature à l'agonie. Si une telle balance de mesure existe entre nature et humanité, Naiad en incarne le côté le plus chaotique, terrible, mais nécessaire, destructrice et sans merci, non par choix ou malice, mais par nature. Si la mer est protégée, Naiad peut s’enfoncer dans le sommeil d’un repos sans vagues. Si la mer souffre, si les océans brûlent et d'empoisonnement - Naiad s'éveille et sonne le glas de la tempête vengeresse par laquelle l'humanité doit comprendre qu’elle n’a plus sa place sur cette planète.

Quant à Mai, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Fauchée en pleine mer et métamorphosée par les profondeurs, lorsqu’elle retrouve forme humaine (contrainte, forcée), elle ne se sent guère qu’une coquille vide, qui se remplit parfois de colères fulgurantes, d'accès de mélancolie sans fond, de confusion que rien ne tempère - humeurs passagères pour combler un vide d’une vie qu’elle a oubliée, de repères qu’elle a perdu et a du mal à retrouver lorsqu’elle pose à nouveau le pied sur le rivage.

Avatar du Clear. Emissaire du Parlement des Vagues. Héritière d’une longue lignée de créatures que certaines cultures ont vénérées ou craintes comme esprits des eaux ou dieux des mers, des rivières, des océans et de la pluie. Naiad est une élémentaire d’eau, créée par le Parlement des Vagues, entité élémentale qui régit l’eau sous toutes ses formes sur la planète et membre des Parlements de la Nature. Par nature et de par la volonté du Parlement, Naiad est l’eau, régit l’eau, règne sur l’eau dont elle habite chaque goutte, chaque manifestation, liquide, glace, vapeur. Le création du Parlement des Vagues est supposée disposer d’un contrôle complet et absolu sur les eaux du globe - et pendant un temps, ce fut le cas. Les premières apparitions de Naiad furent témoins de sa force de destruction, volonté implacable déclenchant tsunamis et tempêtes sans pareil de mémoire humaine, engloutissant stations pétrolières d’une seule vague, et passant si près de noyer Tokyo et le Japon tout entier que la Créature du Marais elle-même fut forcée de sortir de sa torpeur pour mettre un terme à la croisade de Naiad. C’est cependant quelques temps plus tard, lorsque Naiad s'éveilla à nouveau et demontra sa totale puissance sur les eaux en massacrant les employés de Shogun Oil avec l’eau contenue dans leurs propres corps, que le Spectre, avec l’assistance d’un mage, parvint à sceller ses pouvoirs.

Depuis, la toute-puissance de Naiad est considérablement réduite, une fraction de ce que le Parlement des Vagues avait espéré lui conférer dans sa mission de destruction des Hommes. Si elle reste parfaitement unie à son élément, l'élémentaire n’est plus capable de manipuler l’eau présente dans les organismes appartenant au règne animal (humains inclus), domaine du Red et d’un Parlement avec lequel elle ne souhaite entrer en guerre. Et si elle est toujours capable de déchaîner vents et marées, laisser libre cours à ses pouvoirs lui demande considérablement plus d'énergie, là ou provoquer une série de raz-de-marées ne lui demandait autrefois qu’un bref effort de volonté. Mais la pire punition que lui ait infligé le Spectre est, sans aucun doute dans son esprit d'élémentaire, de l’avoir réunie avec sa forme humaine (celle-là même qui a été brûlée vive, restaurée par une magie qu’elle ne comprend pas et qu’elle abhorre), et de la forcer à reprendre régulièrement cette forme, supposément pour la forcer à sortir des océans, à observer de ses propres yeux l'humanité même qu’elle a perdue, et qu’elle dépense tant d'énergie à chercher à détruire sans comprendre pourquoi - si ce n’est la douleur perpétuelle dans laquelle elle vit.

Si le contrôle de Naiad sur les eaux est désormais limité et qu’elle est forcée de reprendre forme humaine à intervalles réguliers, sa connexion à son élément est toujours entière et absolue. La conscience de Naiad se trouve dans chaque particule d’eau du globe, des profondeurs des océans jusqu'à l'intangibilité des nuages, et dans les larmes qui coulent sur les joues d’une veuve. A travers le Clear, conscience unifiée de l’eau et des océans, sa conscience à elle voyage sans limites, une quasi-omniscience des, et omniprésence dans, les eaux que d’aucuns pourraient envier… si elle n'était pas la source de sa plus grande souffrance. Si la pollution des eaux est un concept abstrait pour une grande partie de l’humanité, pour Naiad, elle est une realite qui la torture chaque jour, une maladie incurable qu’elle endure dans d’innomables douleurs, et qui est tout a la fois la source de sa furie et de sa démence, et la raison de sa creation :  Naiad, l’ultime cri d’agonie du Clear alors que les oceans perissent dans l’indifference la plus complète.

❯  DE QUELLE TERRE PROVIENT VOTRE PERSONNAGE? SI VOTRE PERSONNAGE VIENT DU MULTIVERS, OÙ SE SITUE-T-IL SUR LE SPECTRUM DE SES SOUVENIRS?
Mai n’a jamais connu que cette Terre, complètement inconsciente de l’existence même d’un multivers, quand bien même elle a déjà entendu des collègues scientifiques s’enthousiasmer de la possibilité de son existence - des fantasmes de science-fiction, tout au plus, à l’heure de leurs connaissances scientifiques. Quant a Naiad, elle est née des profondeurs de cette Terre, et n’a aucune connexion avec une autre.

❯ Pseudo : Cha.

❯ Pronoms: Elle/elle.

❯ Pays: toujours le grand nord pluvieux

❯ Avez-vous l'âge de la majorité: oui il parait que ca s'arrange pas

❯ Fréquence de connexion : fréquente

❯ Autres comptes : un exorciste qui s'attire des ennuis

❯ Hypothétiquement, acceptes-tu de recevoir un aléa du destin ? OUI ALWAYS  

❯ Un dernier commentaire?:  

Mai Miyazaki est assassinée en pleine mer à l'aube de ses trente ans. Une fusée de détresse, tirée d’un pétrolier directement dans son bateau, fusée incendiaire qui met immédiatement feu à l'embarcation sans espoir de retour, sans témoin, sans laisser la moindre trace alors que le bateau Naiad s’embrase et que les hurlements d’agonie de sa propriétaire se laissent engloutir dans les embruns de l'océan. Il n’y a personne pour temoigner de la brutalite de ce meurtre de sang-froid, personne pour temoigner de la souffrance qui restera a jamais le dernier souvenir de Mai, au moment ou sa conscience s’eteint dans une nuee de bulles d’air exalees de ses poumons noyes.

Mourir brûlée vive au beau milieu de la mer du Japon aurait presque quelque chose de comique ou ironique, si l’agonie n'était pas aussi abominable.
Elle aurait presque quelque chose de comique ou d’ironique, pour ses responsables, si elle n’avait pas été suivie de si terribles conséquences.

Dans ses derniers instants de conscience, alors que la douleur vient à bout de ses dernières ressources, Mai sent son esprit s'échapper de son corps et dériver ; emmené par des bras qu’elle n’identifie pas, qui l’attirent plus profondément, toujours plus profondément, vers des ténèbres de plus en plus sombres, de plus en plus froides. Au bout d’un moment, Mai n’a plus aucune conscience de son corps. Seul un esprit, ou ce qu’il en reste, immatériel, perdu dans une immensité sans fin, sans bruit, sans poids.

Puis, enfin, une lumière - froide, bleue, sans vie.
Puis, enfin, une voix - désincarnée, distante, omniprésente.

“Ainsi naît le nouvel avatar du Clear - va, notre enfant, réclame vengeance, fais leur gouter la meme souffrance qu’ils t’ont infligée, qu’ils nous infligent, a nous, aux eaux, aux vagues, a chaque instant durant lequel leur inconscience est tolérée par nos semblables. Fais leur comprendre - sinon par la parole, par la force et par la rage.”

Lorsque la créature des océans s'éveille, un seul mot persiste dans son esprit dement et déchaîné : Naiad. Dernier vestige d’une humanité réduite en cendres aux mains de ses semblables - le nom qu’elle réclame comme sien à défaut de se souvenir du précédent.

Creature élementale tout juste née, Naiad déchaîne sa colère contre ses assassins, soulève les mers pour noyer cette station pétrolière et son équipage meurtrier. Hélas, la destruction est bien moindre, face à la souffrance qu’est celle de Naiad : trop jeune, trop inexpérimentée, bouleversée et torturée par le poison qui gangrène les océans et les rivières et envahit son âme toute entière sans laisser place à raison ni compassion. Rien n’existe que l’agonie de la mer, et l’instinct irrépressible, irrésistible, désespère d’y mettre fin, à jamais. Guidée par la rage et la douleur de la nature à laquelle ont été donnés corps, Naiad se dirige vers sa prochaine cible, la plus proche, le pays qui l’a vue naître et qui l’a tuée : le Japon.

La tempête qui se déchaîne sur la côte japonaise est l’une des pires de l’histoire d’un pays pourtant sujet aux typhons et tremblements de terre. Villes côtières et industrielles sont sous l’assaut de vagues trop hautes et de pluie diluvienne, infrastructures entières détruites et englouties, dans les cris de détresse des malheureux qui les opèrent. La furie de la mer frappe le pays et ne montre aucune intention d'assouvir sa rage ; alerte par les murmures inquiets du Parlement des Arbres, Swamp Thing, la Créature du Marais, sort de son sommeil et se dresse en ultime barrage entre les océans déchaînés et l'humanité impuissante. Swamp Thing et Naiad, l’optimisme prudent contre l'inéluctable défaitisme d’une nature à bout de souffle : une guerre entre éléments au terme de laquelle Naiad finit par entendre raison, et abandonne sa croisade pour se retirer dans les profondeurs des eaux. Pour cette fois, le Parlement des Vagues, dont elle est la porte parole, veut bien entendre les promesse du représentant des Arbres ; pour cette fois, le Clear accepte de donner sa chance à l'humanité, sur la parole de la Créature des Marais que les choses iraient, un jour, en s'améliorant. Épuisée, Naiad erre dans les profondeurs, se réfugie dans les abysses les plus sombres, au coeur de la Fosse des Mariannes, siège du Parlement des Vagues, et sombre dans un profond sommeil dont elle ignore s’il durera semaines, mois, années, ou siècles.

C’est un nouveau rugissement qui la tire de son sommeil - un grondement de vagues dont elle n’est pas la commanditaire, et dont elle remonte à la source, jusqu'à Atlantis. De ces peuples sous-marins, Naiad sait ce que sa conscience a passivement assimilé pendant son hibernation, esprit unifié et omniprésent désormais familier de la vie sous-marine qu’elle herbe en son sein. Pourquoi les Atlantes, curieuses créatures lui rappelant un peu trop l'humanité a son gout, se lance en croisade contre la surface, elle ne le découvre que bien trop tôt. Malgré les promesses de Swamp Thing, l'humanité de la surface n’a pas changé. Les océans bouillonnent toujours, s’empoisonnent chaque jour un peu plus, et la corrosion la prend a nouveau a la gorge, lancinante, terrible, immuable. Condamnee a nouveau dans cet etat d’eveil torture, Naiad sort a nouveau de son hibernation. L'humanité a transgressé à nouveau : et la voix de la nature doit s'élever pour y mettre un terme.

Guidée encore par les souvenirs confus d’une mort trop abrupte, la cible de Naiad a un nom, hérité de ses derniers souvenirs humains :  Shogun Oil, la compagnie dont les employés ont tiré un feu de détresse dans son embarcation, ceux-là même à l’origine de sa création. Telle un fantôme décide à les hanter, elle se matérialise cette fois au QG de la branche américaine de la compagnie. Plusieurs centaines d'employés au siège social de cette entreprise en plein centre-ville, plusieurs centaines de victimes alors que Naiad s’infiltre à travers chaque goutte d’eau à sa disposition. Une fois le carnage accompli, Naiad se révèle dans toute son implacable détermination, prête à noyer la ville toute entière… et bientôt stoppée à nouveau. Répondant au nom de Spectre, entité destinée à rétablir l'équilibre entre justes et coupables, c’est dans cette dernière catégorie qu’il range Naiad, dont l’existence et les actions constituent à ses yeux un déséquilibre dévastateur qui doit être annihilé. La bataille qui s'ensuit entre vengeance et océans est dévastatrice, réclamant encore plus de victimes, Naiad refusant avec véhémence de laisser ses actions être jugées par une entité à laquelle elle, incarnation de la nature, ne répond pas. Helas, le Spectre, contrairement a elle, n’est pas seul : avec l’aide d’un homo magi familier des creatures elementaires, le Spectre parvient a arreter Naiad, et pire encore, à sceller une partie de ses pouvoirs et a la condamner au pire chatiment qui soit : retrouver, à intervalles regulier, l’enveloppe corporelle qu’elle avait quand elle était humaine, ou une imitation convaincante.

La première fois qu’elle ouvre les yeux dans une nouvelle enveloppe de chair et de sang, Mai croit mourir une deuxième fois. Son propre corps est une nouvelle prison, trop lourd, trop limité, trop maladroit - comment utilise-t-on jambes, bras, poumons, quand on existe quelque part entre le monde des morts et celui des vivants ? Cette nouvelle enveloppe, elle la déteste autant qu’elle est source de fascination morbide. Lorsqu’elle croise son reflet pour la première fois, le visage qui lui est renvoyé est à la fois étranger, et terriblement familier. Son ancien nom lui revient en mémoire en fragments, sa compréhension du monde de la surface aussi : maladroitement, confusément, à tâtons. Revenue d’entre les morts, Mai déambule et erre, à la recherche de repères, de souvenirs qui reviennent sans contexte et sans explication. Lentement, à force d’allers-retours entre océans et surface, elle se stabilise, commence à comprendre comment fonctionner, au minimum, lorsque l’appel de la surface l’arrache à ses fosses océaniques. Sans qu’elle ne comprenne comment ni pourquoi au début, c’est vers Metropolis que les flots l'emmènent, lorsqu’elle doit reprendre forme humaine. Croyant d’abord à un tour du Spectre, une limite imposée, elle finit, lentement, par reconstituer quelques pièces du puzzle. Mai Miyazaki vivait à Métropolis, avant sa mort ; partageait son temps entre la ville du futur ou elle travaillait comme ingénieure, esprit prometteur au service d’un avenir plus écologique pour l'humanité. A la bibliothèque de Metropolis, elle a retrouvé de vieilles coupures de journaux, reconnu son propre visage et son propre nom sans les reconnaître. Un prix pour ses recherches avancées sur l'énergie solaire, ses discours devant la Chambre des Représentants, l’ONU, et autres grandes assemblées ou ceux qui ont le pouvoir de changer le monde choisissent ou non de l’utiliser, des portraits élogieux ou dévastateurs selon le penchant politique de l’auteur. Vivante, passionnée, battante, hargneuse.

Mai contemple ces coupures de journaux, ces articles internet, et ne se reconnaît plus. La victoire, elle leur revient a eux, ses détracteurs qui n’ont jamais voulu écouter, jamais voulu négocier, jamais voulu entendre raison, au point d’un jour lui tirer dessus avec une fusee de détresse pour la réduire au silence à tout jamais. Mai se souvient, et se souvient des promesses de la Créature des Marais. Qu’elles lui semblent vides, alors qu’elle relit son obituaire. Sa vie en est la preuve : elle a essayé de parler, de changer les choses, de changer le monde pour que jamais la nature n’ait besoin d’une Naiad pour se protéger.

L’heure n’est plus au dialogue. La dépouille de Mai Miyazaki au fond de la mer du Japon en est la preuve : il est déjà trop tard.

N’en déplaise au Spectre, aux héros de ce monde, il est l’heure pour la nature de reprendre ses droits. Et si Naiad doit se faire martyr et bourreau dans cette croisade impossible et insensée, pour qu’enfin quelqu’un écoute, telle sera sa mission, jusqu'à une nouvelle extinction.