Au premier abord, Sigrid n’a rien de bien impressionnant. Douce, discrète, peu loquace, on oublie souvent sa présence tant elle sait se faire petite et disparaître dans les pièces. Introvertie de nature, elle est plutôt repliée sur elle-même et se mêle rarement aux autres. Souvent perdue dans ses pensées, elle semble toujours un peu dans la lune, ailleurs. Elle préfère les livres aux conversations ; il n’est pas rare de la croiser avec un ouvrage à la main, même quand elle devrait être attentive à autre chose. Parce qu’il y a toujours un vacarme intense dans ses pensées, se focaliser sur la littérature lui permet de l’étouffer un peu. Réservée, plutôt craintive, Sigrid ne supporte pas d’être touchée par quiconque n’est pas son frère aîné. Et pour cause ; le moindre contact physique avec un autre être humain provoque chez elle un flot de visions intenses et parfois à la limite du supportable. Facile, donc, de la penser un peu sauvage. Elle n’est pas du genre à hausser le ton, pas du genre à s’emporter. Elle paraît presque trop calme, trop silencieuse. Quand elle n’a pas la tête ailleurs, elle est attentive au moindre détail de son environnement. Si elle rechigne à lire l’esprit d’autrui, elle est néanmoins douée pour étudier les comportements, anticiper les réactions, déchiffrer les émotions. Entre empathie et hypersensibilité, la frontière est mince, et bien trop souvent franchie. Pour certains, Sigrid n’est guère plus qu’une petite sorcière inoffensive, mais pour d’autres, elle est tout le contraire. D’aucuns diront que l’aura qui l’entoure est lugubre, troublante. Il y a cette petite étincelle inquiétante dans son regard, comme si elle pesait le pour et le contre de la moindre de ses actions. Elle est froide, distante, rendue encore plus troublante par son fort accent scandinave et les palabres en vieux norrois qui donnent des frissons. On dit que les apparences sont trompeuses, et ce n’est jamais aussi vrai qu’avec Sigrid.

Homo Magi de naissance, Sigrid est issue de deux lignées desquelles sont nées de puissants mages. Mais aussi fabuleux que soit le patrimoine génétique des Constantine en la matière, c’est celui des Sørensen qui prime chez elle. Sa magie est matriarcale, systématiquement manipulée par les femmes de la famille. Ni son père ni son frère ne sont en mesure de pratiquer le seiðr en dehors de ses éléments les plus rudimentaires, c’est le rôle de protecteur qui leur est réservé – pour chaque Völva, un homme prêt à donner sa vie pour elle. Pour pratiquer le seiðr, Sigrid utilise la plupart du temps l’alphabet runique, qui lui permet de lancer ses sortilèges les plus puissants. Elle peut pratiquer une magie plus élémentaire sans ces dernières, notamment la télékinésie et la télépathie. Cependant, exploiter les capacités qui lui sont propres lui demande beaucoup plus d’énergie, elle n’est donc pas capable de maintenir ses créations aussi longtemps qu’avec un sort lancé, qui leur apporte davantage de stabilité. Si elle veut que sa magie soit plus efficace, elle tente sa chance en priant son panthéon. Elle est particulièrement liée aux déesses Freyja, Frigga et Hel ; ce sont elles qui répondent le plus à ses prières, bien que la plupart d’entre elles restent sans réponse majeure. Encore enfant, Sigrid a commis une erreur de taille : après avoir subtilisé le grimoire de son arrière-grand-mère pour impressionner son cousin, elle a lancé un sort sans réellement savoir de quoi il s’agissait. Elle a ainsi involontairement ouvert son esprit à ses ancêtres et n’a jamais été capable de refermer la brèche. Bien malgré elle, elle peut communiquer avec les morts – surtout les mortes – de sa famille, mais le prix à payer est lourd : son esprit n’est jamais silencieux, les murmures sont incessants, comme un bruit de fond constant et épuisant. Encore plus difficile à supporter, elle s’est malgré elle liée à la Mort personnifiée de son panthéon. Elle possède un don de prescience aussi terrible que terrifiant, elle entrevoit systématiquement la mort de tous les êtres qui ont le malheur de la toucher. La mort, ou les morts, puisque le futur est malléable, toujours en mouvement. Mais plusieurs de ses visions se sont réalisées, hasard ou fatalité, peu importe, c’est bien assez pour la terroriser. Ces visions la paralysent systématiquement pendant plusieurs secondes et déclenchent des migraines intenses. Elle a bien essayé de porter des gants pour limiter les contacts, mais ça n’a rien changé. Qu’on touche directement sa peau ou non, ça ne fait aucune différence.

❯ De quelle Terre provient votre personnage? Si votre personnage vient du multivers, où se situe-t-il sur le spectrum de ses souvenirs?
Pour Sigrid, le concept du multivers est encore trop vaste pour être compréhensible. Cette Terre est la seule dont elle ait connaissance, elle ne se connaît aucune autre vie. Et pourtant, il lui arrive de plus en plus souvent d’avoir l’impression que certaines de ses pensées ne sont pas les siennes. Elle n’est pas encore parvenue à identifier, ni même à capter, cette nouvelle voix dans le vacarme infernal de son esprit. Elle a parfois du mal à distinguer le vrai du faux, certains de ses proches lui paraissent tout à coup être des étrangers, et il lui semble reconnaître de parfaits inconnus. Tout ça, elle le met sur le compte de l’épuisement, et certainement pas sur celui d’un multivers en ébullition.

❯ Pseudo : Valkyrja (Julia).

❯ Pronoms: Elle (she/her).

❯ Pays: France.

❯ Avez-vous l'âge de la majorité: Sans commentaire

❯ Fréquence de connexion : I live here, now

❯ Autres comptes : Diana Prince-Trevor & Dinah Lance.

❯ Hypothétiquement, acceptes-tu de recevoir un aléa du destin ? Let's go, mettons la petite sorcière dans la sauce

❯ Un dernier commentaire?: Abracadabra.

« Bordel, Sigrid ! C’était quoi, ça ?! » Un violent mouvement de recul la secoue quand son frère l’attrape par le bras et l’attire sèchement à lui. « Rien du tout ! Lâche-moi, Eirik, tu me fais mal ! » « Tu crois que j’ai rien vu ? C’est la troisième fois que tu te figes face à l’ennemi ! Si j’avais pas été là… Bon sang, tu te rends compte, Sigrid ? Combien de fois est-ce que je vais devoir appuyer sur la gâchette parce que t’avais la tête ailleurs ? » Elle grimace de dégoût, gesticule pour échapper à la poigne d’acier du géant aux mèches blondes. « J’aimerais bien t’y voir, à ma place ! Ça se voit que ce n’est pas tout qui a toutes ces voix dans le crâne ! Il ne m’est rien arrivé, d’accord ? » « Parce que j’étais là ! » « Une chance pour moi, t’es toujours là ! » « Qu’est-ce que c’est censé dire, ça ? » « Rien. » Sigrid secoue la tête, replace nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille. Eirik a raison. Bien sûr qu’il a raison. Depuis quelque temps, elle est distraite. Ce n’est pas un problème quand elle est dans la salle de bain et laisse l’eau ouverte un peu trop longtemps. C’en est un quand elle fait face à un sorcier renégat qui jette des sorts pour tuer. C’en est un quand elle est censée protéger les membres de son équipe, mais qu’elle est trop inattentive pour désintégrer tous les projectiles. Il faut dire qu’elle n’est pas vraiment faite pour ce travail. Être agent de terrain pour ARGUS, c’était l’apanage des types comme Steve Trevor ou Rick Flag. Des drapeaux américains sur pattes qui transpiraient la bravoure et l’honneur. Elle, elle était juste la petite sorcière du fin fond de la Norvège qu’Amanda Waller était allée débusquer et avait traîné plus ou moins contre son gré jusqu’aux États-Unis. Si les choses n’avaient tenu qu’à elle, elle n’aurait jamais quitté les bancs de son université. Enseigner lui convenait très bien. Être balancée dans des zones de guerres, des champs de bataille et compagnie… Ce n’était pas pour elle. Il n’y avait pas une once de violence en elle. Ou du moins, c’était ce dont elle essayait désespérément de se persuader. Elle n’avait jamais tué personne et n’en avait pas l’intention. Mais à force d’être précipitée dans ce genre de guet-apens…

Sigrid était une grenade.
Une grenade qu’Amanda Waller avait jugé bon de dégoupiller et de balancer à ses ennemis.
Le problème ? Même elle ne savait pas quand elle allait exploser.

« La mission n’est pas encore terminée. On doit récupérer ce foutu grimoire. » « Je m’en charge. » « C’est pour ça que t’es là. » « Tu ne voudrais pas la fermer, juste une minute, Eirik ? » Sigrid serre les poings. Elle comprenait mieux pourquoi la plupart du temps, John faisait profil bas. Elle avait bien essayé de faire comme lui. Dommage, Waller l’avait trouvée, elle, et s’était dit qu’elle ferait une parfaite petite addition à son armée. À bien y réfléchir, Sigrid n’était pas sûre de vraiment avoir eu le choix. Sauver des vies innocentes, empêcher les artéfacts mystiques de tomber entre de mauvaises mains, arrêter les criminels… Sur le papier, c’était beau. En pratique, elle avait l’impression d’avoir vendu son âme au diable. « Il est là-bas. » D’un doigt, elle désigne une vieille porte de bois. « Un sortilège nous barre l’entrée. Donnez-moi cinq minutes. » « Tu en as deux. » La Norvège lui manquait. Elle détestait les États-Unis. C’était trop pollué, trop bruyant, trop flamboyant, trop… Tout. Elle avait passé la majeure partie de sa vie entre Oslo et Tromsø et pendant longtemps, sa magie n’avait été qu’une distraction, un talent qu’elle avait cultivé sans réellement savoir ce qu’elle en ferait. Ses parents n’avaient eu de cesse de le lui répéter ; quand on était issue de la lignée des Constantine et d’une grande famille de Völvas, il fallait cultiver ses dons. Facile à dire et à faire, quand personne ne cherchait à vous tuer tous les quatre matins. « J’y suis presque… C’est du travail d’amateur, les runes ne sont pas complètes. » « L’amateur en question a failli te réduire en cendres. » « Tais-toi. » Un petit cliquetis sonore, et la porte s’ouvre. Plus secouée qu’elle ne voulait bien l’avouer par les mots de son frère, elle s’avance prudemment jusqu’à l’entrée. Elle ne discerne aucun autre piège magique. Lentement, elle tend les mains vers le grimoire poussiéreux. L’ouvrage entre les mains, elle fronce les sourcils. Qu’est-ce qu’Amanda Waller pourrait bien faire avec grimoire de nécromancie ? À bien y réfléchir, elle préférait ne pas le savoir.


« Allez, ne fais pas cette tête, Sigrid. Tu feras mieux la prochaine fois. » Elle grimace, décolle difficilement les yeux de son verre. « La prochaine fois, peut-être que je nous ferai tous tuer, Eirik. Tu as raison. Je ne suis pas assez concentrée. Quelque chose cloche. » « Mais non. C’est juste… C’est juste que tu n’es pas faite pour ces choses-là. Moi, je suis un soldat. Toi, t’es prof. » « Plus maintenant. Je ne peux pas donner des leçons d’Histoire aux types qui essaient de nous pulvériser, Eirik. » « Non, mais tu peux les désintégrer d’un claquement de doigts. » Le dégoût affiché gagne en intensité. « Je préfère éviter. Je ne suis pas une tueuse. Je n’ai pas envie de laisser Waller faire de moi quelque chose que je ne suis pas. » « Peut-être que… » « Quoi ? » « Non. Rien. » Sigrid fronce les sourcils. Pendant une seconde, elle est tentée de lire dans les pensées de son frère, pour découvrir ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Elle se retient. Pas parce qu’elle sait que c’est mal et qu’elle lui a promis de ne jamais le faire. Parce qu’elle devine trop aisément ce qu’il allait lui dire. Peut-être qu’elle n'était pas aussi docile qu’elle aimait à le faire paraître. Peut-être qu’il l’avait vue, cette étincelle de noirceur qui se promenait parfois dans son regard. Quand on avait des pouvoirs comme les siens, il était facile de déraper. Trop facile. Sigrid avait trop souvent l’impression de marcher sur un lac gelé. Un seul faux pas et elle traversait la glace. Elle n’avait jamais pratiqué le seiðr pour faire quoi que ce soit de mal. Elle était persuadée que ce n’était pas dans sa nature. Mais depuis peu, sa volonté n’était plus ce qu’elle était. Elle se sentait vaciller, elle avait l’impression que son esprit ne lui appartenait plus tout à fait. Les pensées parasites étaient de plus en plus nombreuses, de plus en plus tentantes.

« À quoi est-ce que tu penses, petite sœur ? T’as l’air ailleurs. » Sigrid soupire, se pince l’arête du nez. « Je pense que j’aurais mieux fait de disparaître dans un trou de souris le jour où ARGUS est venu frapper à ma porte. » « Elle t’aurait probablement trouvée quand même, tu sais. » « C’est le moment où t’es censé me rassurer, Eirik, pas m’enfoncer. » Sigrid vide son verre cul-sec. Elle le regrette aussitôt ; l’alcool lui brûle la gorge. Elle se lève, attrape sa veste. « Où est-ce que tu vas ? » « Je rentre chez moi. Peut-être qu’une bonne nuit de sommeil me remettra les idées en place. Et puis j’ai intérêt à être reposée. Demain, Waller nous envoie quelque part en Angleterre. Aucune idée de ce qu’elle veut, pour le moment. » « Qu’on lui retrouve Excalibur et le Graal, peut-être ? » Sigrid étouffe un rire. « Tu plaisantes, mais elle en serait bien capable. » « T’as prévenu John ? » « Certainement pas. Hors de question de le mêler à tout ça. Il a bien assez de problèmes comme ça. » « Du genre ? » « Aucune idée. Mais il a toujours des problèmes. » Elle tapote l’épaule d’Eirik avant de se diriger vers la sortie. Enfin, ce qui sert de sortie à l’Oblivion Bar. L’air frais du printemps la fait frissonner, alors elle presse le pas. Elle a toujours la désagréable impression d’être suivie. Mais il n’y a jamais personne derrière elle. Elle se retourne pourtant plusieurs fois sur le chemin, avec l’impression qu’elle est en train de perdre l’esprit. Ça fait des semaines que ça dure. Des semaines qu’elle a des migraines atroces, elle peine à isoler les voix qui bourdonnent dans son esprit. Et puis il y a ces visions, ces maudites visions, et cette impression qu’il y a quelqu’un d’autre dans sa tête. Eirik ne sait pas à quel point c’est sérieux. Sigrid essaie de rationaliser. Probablement qu’elle est plus traumatisée qu’elle ne le réalise par son nouveau ‘travail’ chez ARGUS. Peut-être qu’elle ne tue pas, mais elle voit des gens mourir. Elle voit des gens souffrir. Elle n’a pas l’estomac assez solide pour ça. De Valkyrie, elle n’a que le nom de code. Elle n’est à l’aise ni sur les champs de bataille ni dans les charniers. La plupart du temps, elle est morte de peur.

Un jour… Un jour, elle va exploser.
Et le problème, c’est qu’elle ne sait pas si elle aura l’impact d’une simple grenade, ou celui d’une bombe atomique. C’est le problème, avec la magie. Personne n’est jamais sûr de rien.