“Sisters in battle, I am shield and blade to you. As I breathe, your enemies will know no sanctuary. While I live, your cause is mine.” @Donna Troy & @Cassandra Sandsmark

« Plus haut, Cassie ! Lève ton bras plus haut si tu veux parer le coup ! » Le fracas métallique des lames qui s’entrechoquent résonne contre les falaises de Themyscira. « Ne baisse pas ta garde, ne quitte pas mon épée des yeux. Encore ! » Une fois encore, Diana atteint la joue de sa sœur cadette. Elle ne fait que l’effleurer, pour lui montrer la faille dans sa défense. Cassandra était jeune, talentueuse, déterminée, mais il lui restait encore beaucoup à apprendre. L’île paradisiaque des Amazones était le meilleur endroit pour cela. Occupée avec la Ligue, l’Ambassade, ARGUS, les Nations Unies et un millier d’autres choses, Diana n’avait pas eu le temps de se consacrer à l’éducation guerrière de sa plus jeune sœur autant qu’elle l’aurait voulu. Elle n’avait pas non plus pu être là pour Donna autant qu’elle l’aurait mérité. Tout ce qu’elle avait pu faire, c’était appuyer sa demande et se porter garante auprès d’Hippolyte et du reste des Amazones lorsqu’elle leur avait demandé l’autorisation de ramener son amant sur l’île pour l’aider à lutter contre ses vieux démons. Autant dire que leur famille n’avait pas été ravie ; mais puisqu’elles avaient fait une exception pour Diana, elles avaient accepté d’étendre le même privilège à Donna, sous réserve que l’homme en question se tienne à carreau. Sans cesser de prêter attention à Cassandra, Diana laisse son regard glisser vers le coin ombragé où les deux hommes observent les trois sœurs. L’attitude plus décontractée de Steve trahissait son habitude des lieux. Roy semblait moins à l’aise, sans doute encore un peu confus quant à sa présence dans le sanctuaire des Amazones. Rares étaient les hommes qui avaient survécu aussi longtemps sur Themyscira. Plus rares encore ceux qui avaient su capturer le cœur de ses princesses. À bien y réfléchir, Diana ne se souvenait de personne qui ait été capable d’un tel tour de force en dehors de Thésée avec Antiope. Et le moins que l’on puisse dire, c’était que cette histoire-là ne s’était pas bien terminée.

Juste à temps, Diana pare l’attaque coordonnée de ses sœurs. « Mieux ! Bien mieux ! N’oublie pas, Cassie, les forces de tes alliés sont aussi importantes que les tiennes, utilise-les. »Comme une danseuse répétant un ballet mortel, elle virevolte, épée et bouclier sont devenus comme des extensions d’elle-même, qui vont à la rencontre de ceux de ses sœurs. Les gestes sont assurés, maîtrisés à la perfection. Pour Diana, c’est comme prendre une grande bouffée d’air frais. Themyscira lui avait manqué. Sa mère, ses tantes, ses sœurs lui avaient manqué. La sérénité lui avait manqué. C’était quelque chose qu’elle ne trouvait pas dans le monde des hommes. La paix et la tranquillité n’étaient que de douces illusions dans leur univers, une chimère après laquelle ils n’avaient de cesse de courir. À chaque fois qu’elle revenait sur l’île, Diana trouvait que la quitter était plus difficile que la fois précédente. Plus d’une fois, elle avait eu envie d’y rester, au moins un peu plus longtemps. Quelques semaines, quelques mois… Elle aurait certainement pu avancer l’argument que Lyta méritait d’y passer du temps, méritait de se familiariser davantage avec la culture qui était la sienne et tisser des liens plus étroits avec sa famille. Elle aurait pu… Mais Steve aurait vu clair dans son jeu. Toutes ces choses étaient vraies, elle ne serait jamais servie de leur fille comme d’une excuse, mais il ne lui aurait guère fallu plus d’une seconde pour comprendre que Diana était déchirée par le mal du pays.

La pointe de son épée se pose sur la gorge de Cassie ; elle lâche son bouclier et lève la main pour faire signe à Donna que le combat est terminé. « Vous êtes distraites, mes sœurs. » Elle baisse son épée, et son expression un brin sévère s’adoucit. « Donna, je sais pourquoi tu as la tête ailleurs… » Elle se fend d’un léger sourire, désigne d’un regard discret l’archer qui ne l’a pas quittée des yeux. Elle ne peut pas en vouloir à Donna d’avoir les pensées un peu éparpillées. Si l’homme qu’elle aimait avait été dans le même état de détresse que Roy, elle aurait eu quelques peines à se focaliser sur un entraînement bon enfant entre sœurs. À bien y réfléchir, elle aurait certainement pu faire mieux, elle aussi. Elle pouvait bien prétendre le contraire aussi longtemps qu’elle le voudrait, Steve n’en menait pas large non plus depuis quelque temps. C’était même la raison principale de leur présence sur l’île. Ils étaient venus confier Lyta à Hippolyte, pour leur permettre de passer un peu de temps ensemble, loin de toutes leurs responsabilités, loin de leurs tourments. Ou du moins c’était l’idée. « Mais toi, Cassie, je ne sais pas pourquoi tu… » Quand une petite main tire sur le cuir de sa jupe, Diana hausse un sourcil avant de baisser les yeux. « Maman… ? » Presque aussitôt, un large sourire vient éclairer le visage de Diana. Lyta l’observe de ses grands yeux verts, avec une expression trop sage pour être honnête. « Quand est-ce que je pourrai avoir une vraie épée, moi aussi ? Antiope dit que tu as eu la tienne à tes cinq ans ! » Diana soupire, lève les yeux au ciel. Bien sûr. Bien sûr qu’Antiope le lui avait dit. « Tu auras la tienne quand tu seras sage. » « Je suis toujours sage ! » Un rire peu convaincu lui échappe. « Et que tu auras demandé l’autorisation à ton père. » « Il a dit oui ! » Cette fois, ce sont les deux sourcils que Diana hausse, en lançant un regard à Steve. Hm. « C’est vrai, ce mensonge ? » « Oui ! Euh… Non ? » Elle a presque l’impression de voir les rouages tourner dans la petite tête de Lyta, dont le regard fait l’aller-retour entre sa mère et son père. Avant, évidemment, de se poser sur ses tantes, à la recherche d’un coup de main. « Non, non, mademoiselle. N’essaie même pas de les attirer dans ton camp ! Retourne avec ton père, avant qu’il ne pense que je m’apprête à te donner la mienne, d’épée. » « Mais, maman… ! » « Et plus vite que ça. » Lyta fait la moue, croise ses petits bras sur sa poitrine avant de tourner les talons ; direction les bras de son père pour un maximum de plaintes et de bouderie. Poings sur les hanches, Diana observe sa petite marche avec autant d’amusement que d’amour. Puis elle se retourne vers Donna, les yeux pétillants. « Et dire que nous étions pires… »

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“Sisters in battle, I am shield and blade to you. As I breathe, your enemies will know no sanctuary. While I live, your cause is mine.” @Cassandra Sandsmark &  @Diana Prince-Trevor

L’épée virevolte dans sa main, poignet flexible, arme qui n’est qu’une parfaite continuation de son avant-bras. L’Amazone admire les mouvements effectués à merveille pas ses sœurs. Diana en est maître dans cet art, mesure chacune de ses portées pour mieux conseiller les faires de leur nouvelle protégée. A l’écart de ce spectacle, Donna jauge les interactions, fend l’air alors qu’elle effectue exactement les dires ordonnés. Ne pas quitter l’épée des yeux. Objectif qui se veut à la fois téméraire et dans le même temps plus élargi. Ne jamais le quitter. Ne jamais douter. Mais toujours maintenir la ligne d’horizon de ce pourquoi elles se battent toutes : la Paix, l’Espoir, l’Amour. La brune quitte un instant cet idéal du regard pour oser le porter vers le ciel parsemé de quelques nuages. Elle prie en silence, demande grâce à Hermès pour que le messager puisse le guider vers la bonne voie. Et bientôt, ses onyx retracent l’histoire jusqu’à revenir dans le présent de son vert-gris. Sourire presqu’invisible, élan de courage partagé qui ne tarde pas à se retrouver dans l’entrechoc des lames. « Avec moi Cassie. » qu’elle tonne en lançant un regard complice à sa protégée. Son bouclier se redresse, son épée rejoint bientôt le haut du cercle et voici la danse qui débute pour mieux affronter la déesse. Diana pare sans la moindre difficulté, laisse à Donna l’occasion de lui partager ce même sourire de sororité qu’elles avaient eu l’occasion de s’offrir de nombreuses fois. Elles se connaissent sur le bout des doigts, cherchent toujours à protéger l’autre, même lors de l’entraînement. Etat de fait qui n’avait eu d’autres occasions que d’enrager Antiope, jusqu’à ce que la commandante comprenne qu’il valait mieux les séparer. Duo inséparable apprenant à devenir trio indicible.

Elle s’écarte, Donna, pour laisser sa chance à Cassandra. Fière de sa dextre, elle sait que sa sœur l’interceptera sans difficulté. Mais il faut qu’elle apprenne. La chute a toujours permis de mieux prendre le recul pour appréhender la suite et rectifier son erreur. Malgré les douleurs, elle sait, l’Amazone que ce chemin est obligatoire. Et c’est ce qui la rassure. Revenir sur ses terres lui rapporte énormément de remises à niveau. Qu’elles puissent être physiques, par le biais des entraînements intensifs qu’elle avait délaissés, que moraux avec les quelques retours dans sa réalité, Donna apprécie autant le monde de sa mère et de ses sœurs. Aucune d’elle ne peut exister sans le soutien de l’autre. Les Hommes ont souvent oublié ce vieil adage, arrogant, imbu, ambitieux, ils s’aveuglent derrière un mur de pouvoir alors que la solitude n’engendre rien. Désert émotionnel, il suffit de jeter un coup d’œil à tout ce qu’ils seront susceptibles d’affronter pour prendre conscience de cette réalité. Et elle souhaite, Donna, que cette dernière puisse recouvrer des droits plus sains grâce à eux. Steve, Roy, Lyta, ses sœurs, ils sont aujourd’hui l’espoir duquel pourra naître cette opportunité. Et elle cherche à ne pas la perdre. Le nouveau conseil de sa sœur fait écho dans son âme. Voilà qu’elle cogne dans un bruit sourd son bouclier contre le sol et s’agenouille pour que Cassandra prenne appui sur elle. Elle ne tarde pas à la lancer dans les airs grâce à l’impulsion de son retour, hélas, surement l’avait-t-elle trop surélevée. Epée contre la gorge de la cadette, la brune se redresse et hausse doucement ses épaules avant de rejoindre ses deux sœurs.

« J’ai mal jugé ton poids, excuse-moi Cassie. » qu’elle s’empresse de justifier pour accuser le coup, parce que l’erreur ne lui était certainement pas entière. Ses onyx croisent ceux de sa sœur, le message lui fait lever doucement les sourcils pour approuver ses dires. Elle sait qu’elle est distraite. Et elle ne veut en aucun cas mettre à mal Diana et Cassandra. « Nous sommes distraites, mais tu as toujours eu cette longueur d’avance sur n’importe qui. » Complicité transcendante dans le timbre de sa voix, elle ne peut retenir son regard de chercher celui de l’Archer ne serait-ce que quelques secondes. Elle le trouve aussitôt et ressent cette émotion qui l’anime d’un nouvel élan. La remarque concernant Cassandra l’interpelle, et la ramène à cet instant présent, curieuse quant à la réponse qu’elle allait leur confier. Mais c’était sans compter l’intervention de la petite Amazone, qui, du haut de ses quelques années, ramenait le sourire et la bonté rien que par sa présence. Elle sourit, Donna, de cette fierté qui l’honore d’avoir pu connaître et plaire à sa petite nièce. Le rire ne tarde pas à joindre à la partie devant les quelques essais malicieux concernant les désirs d’une petite fille à devenir une aussi grande guerrière que sa mère. « Je t’en donnerai une quand on ne sera que toutes les deux. » crie-t-elle alors qu’elle suit des yeux la silhouette enfantine rejoindre son père dans une moue. Elle se satisfait de la voir sauter de joie, en scandant des louanges quant à sa future épée. « Promis, elle sera en bois. » Confidence à peine partagée avec sa sœur aînée, elle lui lance un clin d’œil amusé avant de finalement rire de bon cœur devant la remarque évidente. « Parce que nous étions seules… Il fallait bien qu’on fasse tourner en bourrique nos tutrices, sinon elles s’ennuyaient. » Le souvenir même éloigné revient en mémoire comme une nostalgie qu’elle désire vivre à nouveau. Un jour, elle racontera tout ceci à Lyta, le jour où l’enfant laissera sa place à l’adolescente, apte à comprendre sans vouloir copier. « Ne crois pas que nous étions toujours sages. » glisse-t-elle avec une pointe d’impertinence à Cassandra. La sagesse a pris place dans leurs cœurs bien des années plus tardives. « Malheureusement cela ne nous a pas toujours été favorable non plus. » préfère-t-elle renchérir pour ainsi partager les peines qu’elles avaient eu à affronter Diana et elle. La malice a ses avantages comme ses défauts. La sagesse de même. Aussi la difficulté résulte dans la bonne trouvaille d’une balance alternant aussi bien l’une que l’autre.


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