Quel bonheur cette Maison du Mystère. Plus John s’aventure dans ses méandres, plus les surprises s’accumulent (certes, certaines plus plaisantes que d’autres - qui aurait cru que quelqu’un aurait pu récupérer le cercueil de Dracula avec le célèbre vampire toujours dedans ?) et plus une sensation de familiarité s’instaure, entre propriétaire et propriété, entre invité et entité. A chaque nouveau jour qui passe, le Laughing Magician les ressent, ces filaments impalpables qui se tissent entre lui et la Maison du Mystère, ces courants d’air auxquels il lui suffit de prêter l’oreille pour percevoir les murmures secrets de la bâtisse, échos du passé, du présent, peut-être du futur, souvenirs d’occupants passés et d’innombrables histoires contées par les corridors sans fin et toujours changeants de cette étrange créature digne des romans les plus abracadabrants. Lors d'accès occasionnels de sentimentalisme, John se prend à se demander si la Maison a une voix à elle, s’il l’entendra un jour murmurer à son oreille, lui révéler ses plus grands mystères encore savamment cachés derrière le labyrinthe infini dans lequel elle se pare, ne le laissant accéder qu'à ce qui lui chante, quand ça lui chante. C’est un long dialogue qui s’instaure, et John ne s’attend pas exactement à des résultats immédiats. Ça tombe bien : il a le temps. Pour ce genre de merveilles, paradis et enfer peuvent bien attendre.

… paradis et enfer, sans doute, mais manifestement, d’autres sont un poil plus impatients. La Maison du Mystère fait pratiquement figure de légende urbaine dans les cercles occultes, et depuis son acquisition, John se doute bien que quelques curieux pourraient chercher à s'inviter - ou que ses ennemis habituels pourraient en chercher les points faibles pour fomenter quelques coups tordus. L’un de ses premiers réflexes avait bien sûr été de barder la Maison de protections magiques diverses et variées, mais l’entreprise s'était révélée plus complexe que prévu, la nature même de la Maison la rendant terriblement et imprévisiblement réactive à toutes sortes de sortilèges (a moins qu’elle se fasse exprès de résister ? John n’exclut pas complètement cette possibilité)... mais visiblement, il a dû louper quelque chose. Ou tomber sur un sacré gros poisson. La présence de l’intrus se manifeste comme un violent spasme a travers la Maison - se réverbère jusque dans la conscience et le corps du propriétaire des lieux qui sursaute dans son bain et jure entre ses dents, avant de s’extirper de sa baignoire et d’enfiler un peignoire, pour sortir en trombe de l’une des innombrables salles de bains de la Maison et se laisser guider par les corridors et escaliers jusqu’au salon…

… ou l’attend une silhouette et un fichu casque un peu trop familiers. “Bordel de nom de Dieu, Kent !” Qu’il jure entre ses dents (pas tant que ça), une main dramatiquement portée sur son cœur pour témoigner de la frayeur que son camarade vient de lui faire. Une aura divine qui s’invite dans une Maison réputée quasiment imprenable ? Quand on s’appelle John Constantine ? Le célèbre Dr Fate est clairement le moins pire de tous les candidats qui auraient pu venir frapper à sa porte… mais quand même ! Peu ravi par cette soudaine et intempestive apparition dans sa nouvelle maison, John croise les bras et toise le brave Kent avec toute la désapprobation et l’insolence dont il est capable, bien trop conscient de son état peu digne pour recevoir une visite aussi illustre. Oh, et puis zut. Si Kent n’est pas content, il n’a qu'à annoncer sa visite, comme tout le monde. “Et frapper aux portes, on vous apprend pas ça, à l'école des sorciers ? Ou dans le casque de Nabu ? Sa prétendue infinie sagesse s'arrête aux bonnes manières ou c’est juste un truc de Lord of Order tout puissant ?” Théâtral ? Si peu. Tout en monologuant, John décide de se consoler en se dirigeant vers le bar en forme de globe lunaire proche d’une vaste bibliothèque emplie de livres, toutes en langues anciennes. “Je te préviens, si t’es venu me sortir une autre de tes propheties apocalyptiques de mes deux, je te fous dehors sans t’offrir un verre.” Bonjour à toi aussi Kent, ça fait longtemps, pas vrai ?


 

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