♛ Forget Everything And Run

living in fear is just another way of dying before your time. Fear is the most basic emotion we have. Fear is primal. | FEAT.  @Eobard Thawne

« C'est la cinquième fois ce mois-ci. » se plaint un agent de police. Flash se tient à quelques mètres de lui, les bras croisés avec son regard qui ne quitte pas les dépouilles des victimes. Il est arrivé trop tard. Encore. Parce qu'il a vu son premier cadavre à l'âge de neuf ans et qu'il officie au sein de la police scientifique, on pourrait penser que le bolide s'est habitué à fréquenter la mort. Pourtant, son sang se glace à chaque fois qu'il observe la carcasse d'un individu dépourvu de tout signe de vie. Il se dit que tout cela aurait pu être évité s'il avait débarqué plus tôt. Il s'est mis en route dès que les laboratoires de Mercury Labs ont prévenu la police qu'un voleur entrait par effraction. Il a mis exactement douze secondes pour arriver sur les lieux, mais même ainsi, le criminel a eu le temps d'assassiner tous les agents de sécurité et de dérober ce qui l'intéressait. Les caméras de surveillance fonctionnent à merveille, mais même celles-ci n'ont rien détecté d'anormal. Tout ce qu'elles montrent, ce sont les corps des martyrs brutalement s'effondrer contre le sol sans que l'on ne comprenne pourquoi. Les alarmes se sont déclenchées après son passage, comme s'il s'était déplacé tellement vite que le système de sécurité avait réagi en décalage. Mercury Labs n'est pas la seule entreprise scientifique à avoir été dépouillée récemment, il en va de même pour STAR Labs, Elias Industries et deux autres groupes. Le modus operandi reste toujours le même, ce qui signifie que les méfaits ont été perpétrés par le même auteur, voire les mêmes auteurs, dans chaque cas. Il n'y a que du matériel expérimental qui est volé, des inventions encore non-testées et pas encore annoncées au grand public. En dehors de leurs créateurs, personne ne devrait donc être au courant de leur existence. Allen serre les poings, cela le frustre de ne pas avoir avancé d'un pas dans son enquête alors que le criminel a déjà accompli cinq cambriolages avec succès.

Le bolide a passé la pièce au peigne fin, mais n'a pas récolté le moindre indice. L'endroit paraît intact si l'on fait fi des tâches de sang qui parsèment le sol, comme si rien n'avait eu lieu. Le justicier fait les cent pas en faisant chauffer ses neurones, réfléchissant à la moindre piste qui pourrait commencer à le placer sur le bon chemin. Même un malfrat aussi compétent que Batman en art de l'infiltration et du combat ne pourrait réussir un tel coup en si peu de temps. Cela ne veut donc dire qu'une seule chose : tous ces meurtres sont l'œuvre d'un ou plusieurs méta-humains. Cette hypothèse ne l'arrange pas, car cela ne fait qu'élargir le nombre de possibilités de manière exponentielle. Téléportation, ce qui expliquerait pourquoi la porte ne donne pas l'impression d'avoir été ouverte ? Télékinésie et télépathie afin de pouvoir heurter plusieurs proies en un temps record ? Il est même possible que des pouvoirs auxquels il n'a pas songés aient été employés. Oh non, l'accélérateur de particules n'a clairement pas facilité la résolution de crimes en explosant. Bartholomew sort de ses pensées quand il regarde par la fenêtre et qu'une drôle de présence attire son attention. Une silhouette costumée et placée sur un bâtiment quelques mètres plus loin l'observe. Plus étonnant encore, cette dernière sourit une fois repérée. « Hey ! » hurle-t-il vainement en la voyant décamper à toute vitesse. Il s'élance à sa poursuite par réflexe et laisse ses interlocuteurs dans la plus grande des incompréhensions. Flash ne l'a aperçu qu'une demi-seconde, mais cela a suffi pour qu'une ampoule s'allume dans sa petite tête. Le contexte est quasiment identique à celui du jour où une voix l'a mystérieusement menacé : il étudie une scène de crime, puis un individu apparaît et s'éclipse juste après en ne laissant derrière lui qu'une traînée d'éclairs rouges. Bingo. Un speedster de sa trempe pourrait facilement pénétrer dans n'importe quel bâtiment, neutraliser la sécurité, puis passer à travers une porte blindée en vibrant. La façon dont sa cible se meut l'encourage à supposer qu'il n'a pas affaire à un débutant. Il zigzague entre les voitures avec tellement d'aisance que le héros galère à suivre sa trace. Il ne suffirait que d'un bref instant d'inattention, d'une courte période où Barry se perd dans ses pensées pour que l'homme s'éclipse de son champ de vision. Il met donc momentanément ses interrogations de côté pour pleinement se concentrer sur le plus important à l'heure actuelle : arrêter la course de celui qui essaie de s'échapper.

L'objectif est bien vite atteint, mais ce n'est pas grâce à Flash. L'homme en jaune s'arrête de lui-même pour lui faire face sur le toit d'un immeuble de Westminster. Le scientifique en profite alors pour analyser son adversaire avec plus de rigueur. Une multitude de questions émergent à l'intérieur de son esprit. Plus que la raison derrière sa succession de délits, Flash veut savoir d'où proviennent ses pouvoirs. Sa tenue l'intrigue aussi. En effet, celle-ci est semblable à la sienne en tout points, à la seule différence que les couleurs sont inversées, comme chez Kid Flash. Le trentenaire ne sent pas flatté par cette marque d'inspiration. Il a l'impression de voir son reflet, ou plutôt le reflet de celui qu'il aurait pu être s'il n'avait pas décidé de mettre ses capacités au service du bien. Il penche la tête sur le côté, les mains contre les hanches et un sourcil légèrement haussé. Ces détails lui laissent penser que cette histoire pourrait être bien plus personnelle qu'elle n'en a l'air. « Joli costume, j'ignorais que je possédais des fans parmi les super-vilains. Quel nom dois-je marquer à côté de mon autographe ? » Barry blague, pourtant l'intégralité de ses sens sont aux aguets. C'est la première fois qu'il rencontre un autre bolide. Cela devrait normalement attiser sa curiosité, mais quelque chose au fond de ses entrailles lui intime de rester sur ses gardes. Des étincelles crépitent ici et là sur son costume écarlate, indiquant qu'il est prêt à réagir au moindre mouvement suspect du speedster inconnu.

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Rares sont ceux qui jubilent quand l'homme au costume écarlate fait son apparition. La plupart d'entre eux pensent pouvoir le fuir avant de finir attachés au lampadaire le plus proche, mais le malfrat en jaune. Non, lui, il est resté sur place et a patiemment attendu que le justicier se déplace jusqu'à sa position. Pire encore, c'est avec le plus narquois des sourires qu'il l'a accueilli. Tout ce drama n'aurait servi qu'à attirer Barry là où il le souhaitait ? Cela lui paraît tiré par les cheveux. Il n'y a rien autour d'eux, aucun piège, aucun sbire postiché dans l'ombre pour le surprendre, ... La confiance qui transparaît dans son attitude oblige Allen à rester à une distance raisonnable de lui et à ne pas foncer tête baissée. Ses doutes se renforcent quand son interlocuteur l'interpelle en utilisant son identité civile. Il n'a même pas le temps d'ouvrir la bouche pour le questionner qu'il finit à terre. Il tourne sur lui-même, perd l'équilibre et sa face finit lamentablement contre le sol. Ses réflexes étaient aux aguets, mais il n'a rien vu venir En cet instant, le justicier comprend ce que les criminels peuvent bien ressentir quand il s'en prend à eux sans leur laisser la possibilité de réagir. L'homme le plus rapide du monde vient de se faire prendre de vitesse. L'incompréhension se lit dans son regard, son cerveau carbure pour trouver une explication rationnelle à tout ce qui lui arrive, pour comprendre comme son prénom a pu sortir de la bouche de ce fameux Reverse Flash. Il est sûr de ne l'avoir jamais rencontré auparavant, alors que ce dernier lui montre plutôt le contraire, sans quoi c'est par son nom de code qu'il l'aurait appelé.  

Secoué à la fois par ce nouveau mystère et le fait d'avoir été renversé, Flash répond aux provocations du bolide doré sans réfléchir. Il se relève en un seul bond, puis le suit avec difficulté. Pour la première fois depuis que l'éclair l'a frappé, le trentenaire se retrouve dans l'incapacité de stopper la course de celui qu'il chasse. Son bras se tend, dans le futile espoir de lui attraper l'épaule, mais l'air est la seule chose que ses doigts parviennent à saisir. Même en étant dans l'incapacité de le dépasser, les oreilles de l'agent du CCPD n'ont aucun mal à l'entendre rire. Il a bien conscience qu'il s'agit d'une nouvelle tentative de le charrier, mais la frustration d'avoir trouvé plus véloce que lui l'empêche de réfléchir de manière rationnelle. Il pousse plus fort sur ses jambes, accomplit de plus grandes foulées, mais même cela ne suffit pas pour le rattraper. A chaque fois que son accélération s'intensifie, il en va de même pour celui qui génère des éclairs rouges. « Pourquoi continues-tu de courir si c'est après moi que tu en as ? » Lâche-t-il dans un cri qui mêle à la fois consternation et énervement. Avant même d'être un super-héros, le natif de Fallville est enquêteur et il existe des détails qui ne lui ont pas échappé. Un cambrioleur n'a aucune raison de revenir sur sa scène de crime s'il a réussi à prendre ce qui l'intéresse. Reverse Flash a déjà dérobé l'objet le plus important du laboratoire, ce n'est donc pas pour une autre invention que celui-ci a fait son retour. Il est fort peu probable que de simples policiers suscitent le moindre intérêt chez lui. Il ne reste donc plus qu'une seule personne pour qui il pourrait potentiellement retourner à Mercury Labs : lui. Quelle en serait la raison alors ? On ne fuit pas devant l'individu que l'on traque, cela n'a aucun sens.

Aucune course-poursuite ne s'est jamais autant éternisée avant aujourd'hui, même effleurer la tenue du cambrioleur lui paraît irréalisable. Ils déambulent dans toute la ville, telles deux flèches lumineuses ne laissant chacune dans leur sillage qu'une traînée jaune ou rouge. L'ennemi semble être son parfait opposé en tout point, que ce soit par rapport à la teinte de son uniforme, la couleur de ses éclairs ou même de son comportement. La Speed Force peut devenir la plus dangereuse des armes si elle est utilisée par un être malintentionné, c'est pour cela que le Reverse Flash l'inquiète autant. Il est déjà plus rapide que lui, qui sait sur quel autre critère il le surclasse également ? Il faut l'arrêter ici et maintenant. « C'était toi l'autre jour également, n'est-ce pas ? Et si tu me racontais ce que j'ai bien pu faire pour t'intéresser autant ? » Il ne sait pas qui d'autre aurait pu lui murmurer à l'oreille sans qu'il ne le remarque. Sa plus grande inquiétude demeure néanmoins le fait qu'il ne s'est jamais montré jusqu'à présent, le voir sortir de l'ombre laisse donc présager qu'un gros coup se prépare. Il ne reste plus qu'à savoir lequel. Puisqu'il ne peut pas le rattraper, Bartholomew tente alors de l'arrêter à distance en faisant tournoyer son bras suffisamment vite pour générer une tornade en sa direction.